Ainsi, quand En attendant Gaudreault commence, vous êtes déjà vissé sur votre siège par l'intensité de cette première partie de soirée.
Une fois encore, c'est l'interprétation féroce des comédiens qui saisi, une fois passé le choc du texte, lui-même un élément fort de cette pièce. Comme pour la première partie, le décor et la mise en scène sont minimalistes; chaque protagoniste dispose d'une chaise et se déplace de temps en temps pour évoquer le changement de décor. La force d'évocation des mots et des comédiens fait le reste comme par magie; une magie typique du bon théâtre.
On aurait tendance à croire que ce diptyque de Sébastien David est fort dramatique, mais en fait, il y a de très nombreux morceaux d'humour dans les deux pièces qui font qu'étrangement, on rit beaucoup et souvent pendant la représentation (bien que parfois, le rire soit jaune). Ce passage du rire au drame, puis au rire, se fait presque sans arrêt tout le long de la représentation. Et au final, malgré tout le drame de la vie de ces personnages, malgré toute l'intensité de certaines scènes, malgré la tristesse évoquée par certains passages, le spectateur sort de là ravi, pas du tout déprimé. C'est que l'effet dramatique est aussi servi avec un certain degré de rédemption et de sérénité, qui laisse le spectateur avec un sentiment agréable lors de sa sortie du théâtre.
On ne peut guère demander mieux.
Si vous avez l'occasion de voir cette pièce, n'hésitez pas une seconde.
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Photos: Jeremie Battaglia (tirées de la page Facebook de la pièce).