Le degré zéro de la politique

Publié le 30 janvier 2011 par Vonric Vonric

Le journalisme d'investigation britannique, c'est un peu comme l'affaire Wikileaks. Pas d'énorme révélations, mais juste la confirmation de ce que tout le monde pense. On avait eu l'an passé l'affaire des notes de frais : tel député britannique faisait passer le nettoyage des douves de son château en campagne en note de frais, tel autre faisait rembourser le taxi de sa femme pour faire du shopping en ville...etc. On s'en doutait, même pas étonné en le voyant. Le seul résultat est d'abaisser encore la confiance déjà basse en la parole du politique qui jure la main sur le cœur de laver plus blanc que blanc (donc gris peut être comme dirait Coluche ?).

Une nouvelle étape vient récemment d'être franchie avec les ministres Libéraux Démocrates qui ont eu l'occasion de lever bien haut le majeur pour tous ceux qui avaient voter pour eux aux élections, et se sont assis crassement sur leur promesse de campagne de ne pas augmenter les frais universitaires et même de tout faire pour les supprimer. Inutile d'y revenir explicitement, j'en avais parlé ici.

Des journalistes du Daily Telegraph (le même journal qui avait révélé l'affaire des notes de frais) se sont faits passer pour des électeurs des circonscriptions des ministres Libdems du gouvernement de coalition.

Paul Burston, le secrétaire d'État à l'aide sociale, à ainsi déclaré a ce qu'il prenait pour deux de ses électeurs locaux : "je vous invite à ne pas croire David Cameron [le Premier Ministre]".

Andrew Stunell, le secrétaire d'État aux collectivités locales local, dit qu'il ne sait pas de quel coté de "l'indicateur de sincérité" se tient le Premier Ministre.

Norman Baker, le secrétaire d'Etat au transport (the transport minister), a même comparé les Conservateurs du gouvernement au régime de l'Apartheid, indiquant qu'il devait faire campagne de "l'intérieur".

David Heath, le vice-président du parlement (deputy Leader of the House), suggère que George Osborne, le Chancelier (ministre des finances), un multi-millionnaire, était complétement à coté des préoccupations des électeurs, ne se rendant même pas compte ce que c'est que de perdre £1000 (le montant annuel des allocations familiales qu'il veut supprimer pour toute la tranche de la population qui gagne plus de 47000 euros/an).

Messieurs Baker et Heath ont aussi indiqué être toujours totalement contre l'augmentation des frais universitaires. M. Baker dit ainsi: "Eh bien, c'est un grand choc et c'est un grand choc pour moi et j'ai presque démissionné, sur ce cas particulier, parce que c'était juste horrible."

Rappelons qu'ils font tous partis du gouvernement, soutiennent complétement sa politique dans tous leurs interviews télé et presse et ont tous voté pour le triplement des frais universitaires il y a quelques mois, en expliquant même combien cela était nécessaire.