Magazine Beaux Arts
je suis paresseuse (souvent)
je suis inconstante (souvent)
... si bien que mon Blog a tendance à lézarder au soleil, en attendant que je veuille bien m'occuper de lui.
Pourtant, de temps en temps je suis là.
En fait j'attends des visuels pour pouvoir vous parler de quelque chose d'important.
Mais le temps que je les reçoive, on va causer d'art conceptuel. C'est rare par ici. Mais ça arrive.
"On", en fait, c'est Jean-Pierre Raynaud, qui expose en ce moment à la Galerie Patrice Trigano.
J'aime bien le ton très libre avec lequel il parle (et pour l'avoir entendu en vrai, pour lui avoir parlé aussi, je peux dire que même si c'est une posture, c'est une posture sincère, enfin, disons, une posture qui lui convient et dont il joue avec pertinence).
D'abord, l'une des oeuvres exposées (l'exposition s'intitule "Raynaud Peinture", en clin d'oeil à Yves Klein et à son livre "Yves Peintures"):
On est bien d'accord (bis), les accumulations, cela a déjà été fait ...
ça ne m'empêchera pas de vous citer ceci (qui accompagne l'expo):
"(...) Le concept, aussi simple soit-il, doit être réalisé à chaud comme une opération chirurgicale. Il est fragile, tout et rien à la fois, aucun remords n'est possible et j'aime cela... Son premier degré ne m'a jamais fait peur, car c'est dans cette méthode que je me sens fort. Chez moi, il n'y a pas de style, il n'y a qu'une méthode. La méthode Raynaud, c'est prendre le risque de se trouver avec moins que moins (...)."
C'est vrai qu'il y a un risque (celui qu'on trouve l'oeuvre littéralement nulle, celui qu'on se dise qu'après Duchamp, à quoi bon recommencer) — certes, l'artiste nous prévient ... comme cela il nous met de son côté ...
Mais en même temps, l'idée qu'il s'en faut de peu pour que l'oeuvre disparaisse me plaît bien. C'est comme la fugacité de la flamme d'un briquet.
(Image: courtesy Jean-Pierre Raynaud)