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Le Clan Boboto, de Joss Doszen

Par Liss
Le Clan Boboto se détache des autres oeuvres que Joss Doszen a publiées à ce jour : il fait figure de pilier. L'auteur a voulu dire tout ce qu'il avait sur le coeur concernant les cités : la vie qui y grouille, la jeunesse qui s'y construit, les drames qui s'y trament. Disons même qu'il a voulu cracher toutes les glaires qui les encombrent. Qu'il s'agisse de ce qui se fait ou de ce qui se dit sur elles, tout entache leur réputation et l'illustration de première de couverture le montre bien.
Le Clan Boboto, de Joss Doszen
L'auteur se met dans la peau de chacun des membres d'une famille qui a débarqué, ou plutôt échoué à la "zone négative" : les Boboto. Outre Scotie, Andriy, Mina ou Karis qui forment une fratrie consanguine, on compte également parmi eux des personnages comme Bany, le cousin venu d'Afrique ou Schearo, le "frère" blanc. D'où le choix du terme "clan" pour parler d'eux. On pourrait rajouter Djamila et Arléna, mais elles n'ont pas de chapitres éponymes.
Cette succession de voix donne un roman composé de chapitres qui pourraient se lire comme des nouvelles indépendantes. Elles se font cependant écho et forment, en souterrain, un réseau de signification tout à fait subtil. Croisée de regards, confrontation de valeurs, diversité de tons. Mais au fond, le ton est le même : celui de la sincérité. Chacun des personnages-narrateurs apparaît dans le chapitre qui lui est consacré dans toute sa vérité, dans toute sa complexité aussi : à la fois dur et doux, docile et dominateur. Direct surtout. Tous ont été forgés par la rudesse de la vie telle qu'on peut la vivre dans une cité où on a voulu parquer toutes les personnes venues d'ailleurs du secteur. Le résultat est forcément explosif, au propre comme au figuré.
La force des cités ? L'appartenance à un groupe. Le besoin de créer des liens afin de se sentir plus fort est viscéral, vital même. Bien plus que ces liens sociaux concrétisés au travers des bandes par exemple, c'est l'esprit de famille, c'est son unité qui a donné au clan Boboto sa capacité de résistance face à tous les événements qui auraient pu les ensevelir. Ils avaient beau choisir des trajectoires différentes, il y avait toujours chez euz la volonté de donner un équilibre à la famille, de le maintenir tant bien que mal.
J'ai particulièrement aimé le début et la fin. Le premier chapitre est un portrait vraiment réussi et il accroche dès la page liminaire, celle où le personnage se présente sommairement et de manière poétique. Cette triple présentation de Bany, en français, en anglais et en lingala est tout simplement savoureuse. Il ne s'agit pas simplement d'une traduction du texte français, mais de l'expression du moi de Bany de manière que, bien que disant la même chose dans le fond, les textes sont différents et assaisonnés des épices propres à chacune des langues. C'est un joli morceau de bravoure de la part de Bany et un texte savoureux pour le lecteur, comme je l'ai dit plus haut.
Le dernier chapitre est émouvant car il raconte l'histoire des parents et lève par la même occasion le voile sur tous les personnages. En parlant d'émotion, je dirais également que la voix de Karis est touchante, mais laquelle ne l'est pas ? L'accent de sincérité qui pointe dans chacune d'elle rend tous les personnages attachants, même s'ils sont loin d'être des enfants de choeur. Leur sensibilité transparaît, surtout à travers leur recherche de l'amour, ce qui peut praître paradoxal au vu de leurs multiples aventures. 
Vous l'aurez compris, j'ai apprécié ce "conte urbain" et je vous le recommande vivement.
Joss Doszen, Le Clan Boboto, conte urbain, autoédition Loumeto,  septembre 2009, 212 pages.
Pour en savoir davantage et commander le livre :
http://www.doszen.net/Doszen%20site_lundi02_files/page0003.htm

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