Pétrole Cabindais : Petits arrangements entre amis ?
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Luanda a préféré sélectionner dès le départ les compagnies avec lesquelles il comptait mener le premier appel d’offres de la zone pré-salifère au large du Cabinda.
L’annonce par la Sonangol le 24 janvier des sociétés victorieuses sur les blocs en offshore profond 19, 20, 22, 24 et 25 a de quoi surprendre. Selon Africa Energy Intelligence (Edition française n°644), le processus était en cours depuis le mois de mars 2010, mais aucune publicité n’en avait été faite nulle part. Ce procédé a permis à la Sonangol d’accélérer le processus et de présélectionner, sous forme de short-list imposée, les entreprises qui pourraient concourir. Après avoir rendu leurs offres mi-2010, les majors ont commencé à négocier directement avec Sonangol à la fin de l’année 2010.
La particularité de ces cinq blocs est qu’ils sont tous situés dans une zone pré-salifère (pre-salt), au large du Cabinda, où les sociétés doivent, après avoir traversé des profondeurs marines entre 1 000 et 1 500 mètres, forer dans une couche de sel pour atteindre la zone potentiellement intéressante de sédiments.
Ces prospections sont donc très coûteuses et exigent un certain savoir-faire. Il existe très peu de données sur ces blocs : les bonus de signature ne devraient donc pas être aussi élevés que dans les appels d’offres précédents.
A l’exception de Cobalt International Energy, société partenaire de Sonangol dans le golfe du Mexique, les douze autres compagnies retenues pour ces blocs sont toutes des majors : Total (France), ENI (Italie), Exxon et Chevron (USA), Statoil (Norvège) et ConocoPhillips (Texas, Usa), toutes déjà présentes au Cabinda.
- Cabinda: Vue imprenable sur le pétrole…
Simple coïncidence, cette annonce intervient quelques jours après que La chambre de l’instruction de la cour d’appel de Paris a placé sous mandat de dépôt le français d’origine Cabindaise R. Mingas. « La décision de placer M. Mingas en détention provisoire alors qu’il avait été laissé libre par le juge des libertés et de la détention est extrêmement surprenante au regard de sa faible implication dans le dossier », a réagi son avocate, Me Solenn Le Tutour auprès de l’AFP. « Ceci laisse penser qu’elle répond avant tout à des considérations de politique étrangère française », a-t-elle ajouté. « L’Angola se réjouit de l’avancement de l’enquête », a dit pour sa part l’avocat de l’Angola, Me Jean Reinhart.
Cette décision de placement sous mandat de dépôt fait suite aux tonitruantes et non moins dangereuses déclarations de R. Mingas, suite au drame du 08 janvier 2010 lors de la CAN au Cabinda : « Les armes vont continuer à parler au Cabinda, avait –il menacé. « Nous sommes en guerre et tous les coups sont permis », avait ajouté le secrétaire général des Flec-PM dans un entretien à l’AFP. Le parquet de Paris avait ouvert une information judiciaire en mai 2010, confiée à deux juges. Le Flec-PM lutte pour l’indépendance du Cabinda, qui ne fait pas de l’Angola, et a été annexé par les forces armées de Luanda dès l’indépendance et le départ des Portugais en 1975.
Avec ces nouveaux permis sur la marché, l’Angola espère imiter le Brésil, qui multiplie depuis 2006 les découvertes dans lepre-salt dans le bassin de Santos. Géologiquement, l’Angola et la Namibie sont proches des côtes brésiliennes. On estime actuellement les réserves déjà découvertes au Brésil, avec notamment les champs deTupi et Guara, entre 10 et 20 milliards de barils.