Toujours en quête d'une âme à saisir ou d'un innocent à posséder, le diable invente mille perfidies pour parvenir à ses fins. Il a ses fidèles serviteurs, sorciers et sorcières qui l'honorent au sabbat et répandent charmes et maléfices. Puisées dans le folklore populaire français, voici les contes et légendes qui mettent en scène le Prince des Ténèbres et ses créatures. Née à Toulouse et spécialiste des croyances populaires, Marie-Charlotte Delmas est docteur en sciences du langage et conservateur en chef de bibliothèque.
Extrait:
La légende:
Les origines du quartier "le trou d'enfer" à Malincourt (59) remontent au
XI ème siècle où se trouvait un château fort qu'occupait un seigneur ayant pour nom "Truandre" et que sa mère avait vendu dès le berceau au démon.
Les chroniqueurs racontent que ce mécréant adorait le père du mal et qu'il commettait les pires horreurs pour plaire à son dieu.Il enlevait à leurs familles et détenait captives des jouvencelles
de bon lieu et égorgeait des enfants, en bas âge, pour préparer de leur graisse des onguents diaboliques. Les pèlerins qui, par malheur, venaient demander asile au château, se voyaient forcer de
renier le saint nom de Dieu, où de mourir de faim au fond des cachots plus affreux que l'on ne saurait le dire.
Mais c'est particulièrement aux prêtres et à l'évêque que Truandre en voulait. Ainsi, il fouettait à mort les hommes d'Eglise et les étendait sur des charbons ardents afin de connaitre
l'emplacement des trésors.
Les malheurs du Cambrésis cessèrent lorsque la foudre frappa Truandre et ses hommes d'armes mais des serviteurs moins coupables furent épargnés.
Ceux-ci trouvèrent l'Evêque pour qu'il enterre leur seigneur avec les honneurs dus à son lignage mais celui-ci refusa et les corps furent jetés dans les fossés du château. Les lieux se
transformèrent en enfer où les démons ne cessèrent pendant quatre années de terroriser l'âme des morts.
L'évêque prit en pitié les souffrances de Truandre et demanda à un de ses vassaux de faire pénitence en donnant aux pauvres tous les biens acquis par son seigneur. Ce qu'il fit et le marais
aussitôt retrouva son calme et sa verdure sombre. Seulement, personne n'eut le courage d'habiter le château et il resta désert pendant bien longtemps. Peu à peu, de pauvres gens qui n'avaient ni
feu, ni maison s'enhardirent à prendre les pierres du château pour construire leurs foyers. Les lieux furent réinvestis mais il y eut toujours une ombre de malédiction sur ce quartier.