Si je me retourne sur mon passé d’étudiant, je revois certains profs qui ont compté, je les entends surtout... J’aimais la passion, j’aimais la vibration de la voix qui accompagnait le commentaire littéraire... Finalement, il y en a peu comme cela dans toute ma scolarité. Je n’aimais pas la froideur, la rigueur intellectuelle et la rigidité khâgneuse. L’idéal, c’était de réunir les deux...
J’en ai gardé l’empreinte indélébile : le modèle du bon cours, qui résulte à mes yeux de la tension entre la vibration de l’intellect (ce frémissement qui chatouille les tempes quand on commente un poème ou quand on franchit des limites à la course à pied) et la vibration de la voix (combien rend malheureux une laryngite !).
J’ai eu en fac une prof qui m’a profondément marqué : elle était spécialiste du XIX° siècle et en particulier de Renan et elle a dirigé ma thèse sur le celtisme de Victor Hugo... Je la surnommais « la Pythie » du fait de la transe dans laquelle elle entrait (et nous faisait entrer) quand elle conduisait le cours...
J’écoutais hier une émission podcastée sur France Culture à propos d’Ernest Renan (la Bretagne me revient au cœur en ce moment...) et tout à coup, j’ai senti cette flamme, entendu cette cadence, perçu ce souffle, cette incandescence. Mon ancienne directrice de thèse s’exprimait sur Ernest Renan au détour d’une question.
Et sa voix était introduite par un son celte.
Je vais retourner en Bretagne. Et tôt ou tard, écrire sur la Bretagne.