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Chronique des deux gouttes d'eau

Publié le 22 janvier 2008 par Sammy Fisher Jr
Cette chronique -que vous attendiez avec une impatience justifiée- chantera les mystères des miroirs, les délicates mouvances de l'eau et les subtiles beautés de la danse. Ce sera grand et magnifique, mais le spectacle relaté ne l'était pas moins. A vrai dire ce n'est pas à une seule, mais à deux représentations que nous avons assisté ce soir là au grand théâtre de Dijon. Mises en scène par le chorégraphe Christophe Béranger du Ballet de Lorraine, elles n'avaient a priori rien de commun, la première s'annonçant sous le titre énigmatique de "Solo pour deux, mémoires d'eau", et la seconde étant une adaptation du conte de Madame Le prince de Beaumont, La belle et la bête. Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
Tout commence par une scène vide de tout décor où deux danseurs s'avancent de part et d'autre d'un bac rempli de quelques centimètres d'une eau que nous ne voyons pas. Un corps prostré, l'autre mobile. Une musique assourdie et résonnante comme une goutte d'eau qui tombe dans une caverne. Des mouvements fluides et liquides, d'autres éclaboussés de saccades. L'essentiel de la chorégraphie se déroule sur cette eau, où les interprètes s'avancent, se penchent, découvrent leur image reflétée par ce miroir mouvant, deux corps complémentaires unis autour d'un même reflet, deux hommes confrontés à leur image et à leur double. L'eau est un miroir au travers duquel on peut passer.
Ils font montre d'une maîtrise hallucinante du corps et du mouvement, à tel point que la plus petite goutte d'eau semble commandée par celui qui la projette ; les déplacements à la surface du liquide sont contrôlés de bout en bout. Chaque geste s'arrête où il a été convenu qu'il devait s'arrêter. Au millimètre près. Il se dégage de l'ensemble une impression d'harmonie, de sérénité ; une poésie tranquille, un voyage en bateau sur une mer calme, mais qui aurait aussi ses tempêtes, sans que cela ne devienne désordonné pour autant.deux représentations que nous avons assisté ce soir là au grand théâtre de Dijon. Mises en scène par le chorégraphe Christophe Béranger du Ballet de Lorraine, elles n'avaient a priori rien de commun, la première s'annonçant sous le titre énigmatique de "Solo pour deux, mémoires d'eau", et la seconde étant une adaptation du conte de Madame Le prince de Beaumont, La belle et la bête. Mais il ne faut pas se fier aux apparences.
Tout commence par une scène vide de tout décor où deux danseurs s'avancent de part et d'autre d'un bac rempli de quelques centimètres d'une eau que nous ne voyons pas. Un corps prostré, l'autre mobile. Une musique assourdie et résonnante comme une goutte d'eau qui tombe dans une caverne. Des mouvements fluides et liquides, d'autres éclaboussés de saccades. L'essentiel de la chorégraphie se déroule sur cette eau, où les interprètes s'avancent, se penchent, découvrent leur image reflétée par ce miroir mouvant, deux corps complémentaires unis autour d'un même reflet, deux hommes confrontés à leur image et à leur double. L'eau est un miroir au travers duquel on peut passer.
Ils font montre d'une maîtrise hallucinante du corps et du mouvement, à tel point que la plus petite goutte d'eau semble commandée par celui qui la projette ; les déplacements à la surface du liquide sont contrôlés de bout en bout. Chaque geste s'arrête où il a été convenu qu'il devait s'arrêter. Au millimètre près. Il se dégage de l'ensemble une impression d'harmonie, de sérénité ; une poésie tranquille, un voyage en bateau sur une mer calme, mais qui aurait aussi ses tempêtes, sans que cela ne devienne désordonné pour autant.
Dans La belle et le bête, ce qui est le plus frappant de prime abord, c'est la coordination de toute une foule d'intervenants - il y avait des passages où ils étaient près de vingt à virevolter et sauter ensemble sur scène. C'était fascinant. Les troupes de la nuit affrontent celles du jour, le noir répond au blanc, comme le ballet des créatures plus ou moins démoniaques qui encadrent la Bête souligne la beauté cristalline de la danse solitaire de la Belle. La danse réussit à rendre visible l'opposition entre eux deux, chacun ayant sa propre façon de se mouvoir, son propre registre, jusqu'à la fin où ils dansent ensemble, et accordent leurs styles. Car la Belle est le reflet de l'âme de la Bête. Leur rencontre est le résultat d'une quête, celle de cette harmonie qui permet d'aller au delà des différences, au delà des apparences. Au delà des images, qui ne sont bien souvent que des reflets trompeurs, des miroirs déformants et menteurs.
Il fallait passer au delà du miroir pour que tombe le masque. Il faut souvent aller au delà de ce que l'on croit voir, et ce fut le cas pour ces deux spectacles en apparence dissemblable, mais que relient de subtils liens : dans chacun, deux êtres sont confrontés à leur double et à leur image. L'autre est un moi différent et pourtant si semblable, si proche et tellement loin, insaisissable, à l'image de l'eau toujours la même et toujours renouvelée. C'est le thème du double qui unifie ces deux créations. Mais il laisse transparaître la recherche de l'harmonie. La contemplation est une invitation à la tolérance
Car finalement, les danseurs du solo double, la Belle, la Bête, tous se ressemblent.
Comme deux gouttes d'eau.

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