Décidé à dépoussiérer le film geek et culte de la génération eighties, Disney reprend les choses là où Steven Lisberger les avait laissées, soit sur l’au revoir d’un père à son fils, avant que celui-ci ne se retrouve enfermé au fin fond de l’univers virtuel qu’il a crée. Trente ans plus tard donc et à l’heure de la 3D, Tron atterrit dans les mains du débutant cinéaste Joseph Kosinski, ressort son atout (Jeff Bridges), et une nouvelle (et grosse) artillerie : cyber univers clinquant et démesuré, musique électro tonitruante, effets visuels modernes (bullet-time, profondeur de champ, rajeunissement en images de synthèse). Tron Legacy met bien un bon quart d’heure à démarrer, un peu paresseux sur le début, prenant de la vitesse lorsque le fils (Garrett Hedlund, point faible du film) pénètre enfin dans le monde pixellisé de la Grille pour y chercher son papa. Lunettes 3D sur le nez, on nous entraîne au cœur d’un espace virtuel travaillé, où s’affronte deux faces d’un même homme (le mal et le bien) dans une sorte de relecture biblique (le créateur, l’ange déchu, et les ISO comme nouvelles formes de vie) dopées aux références nostalgiques (Star Wars, Blade Runner, 2001 L’odyssée de l’espace) et à l’envie d’en foutre plein les mirettes. Soit. Sauf que Konsinski, s’il offre du divertissement instantané captivant, ne cherche malheureusement jamais à investir un terrain philosophique (où il y avait tant à dire !) et préfère se fixer sur l’immédiateté du plaisir. Aussi vite consommé qu’oublié donc, ce nouvel opus puise pas mal d’idées du côté du cinéma des frères Wachowski- plus Speed Racer 2.0 pour son imagerie toc qu’un Matrix aux réflexions métaphysiques- et fonctionne sur l’instant, avec tout ce que cela entraîne : efficacité d’un côté (certes) mais superficialité de l’autre (aussi). La vraie bonne idée du film ne tient qu’en deux mots : Daft Punk. Le duo surdoué français, qui signe une B.O monstrueusement géniale, transforme le tout en véritable space opera grandeur nature, symphonie électronique superpuissante où l’on se retrouve à taper du pied en rythme, mais désintéressé de ce qu’il se passe à l’écran.
Sortie France: 9 février 2011.