Dave est un adolescent à part, qui se fait racketter et humilier sans cesse par des voyous. Féru de comics, il se demande pourquoi jamais personne n’a essayé de se comporter comme un super-héros. Poursuivant son idée jusqu’au bout, il se crée un costume, ainsi qu’une identité : Kick-Ass. Sans super-pouvoirs, confronté à de réelles blessures et à de graves problèmes, il doit aller jusqu’au bout…
[NDLR : je tente de réanimer ce blog avec peine et commence par publier un brouillon qui traînait depuis des mois dans mes archives...]
Précédé d’un « buzz » excellent, ce film-comics s’avérait comme le truc fun à ne pas rater du moment.
Alors, soyons honnête, visuellement, oui, il y a quelques détails assez chouettes (même si l’ensemble est un peu noyé dans une obscurité parfois bien commode), le tout est assez dynamique. Dynamique mais malheureusement assez mécanique : au bout d’un moment, les scènes d’action se suivent et se ressemblent, avec des combats qui manquent cruellement de fluidité et qui ne sont pas non plus assez réalistes pour expliquer leur caractère bancal (oui parce que quand on se bat dans la vie ça n’est pas forcément très fluide.)
L’idée de base est sympathique. D’ailleurs, la meilleure scène du film est à mes yeux celle où Kick-Ass se retrouve mêlé à un combat en pleine rue un peu malgré lui, et que, grâce à l’impulsion d’une foule lâche et de la fonction vidéo des téléphones portables, il se retrouve propulsé star du net et des médias en quelques heures. Jolie séquence, qui présente bien les enjeux et qui renforce un peu le personnage (qui, presque sûr d’y passer, tient quand même à se battre pour quelqu’un qu’il ne connaît même pas, juste pour ne pas faire comme « les autres qui regardent »).
J’aime aussi le fait que dès qu’il commence, ce héros qui se projette dans les comics soit gravement blessé. C’est inattendu et plutôt efficace.
Mais tout d’abord, l’acteur (Aaron Johnson) manque un peu de force. Certes, il est terriblement anonyme et c’est bien l’idée. Néanmoins, il est tout de même très fade et a du mal à sublimer un peu les choses.
Ensuite il y a Nicolas Cage, dans un rôle plutôt pas mal, mais qui disparaît de manière totalement ratée et ingrate bien trop vite.
Il y a aussi Mark Strong, toujours assez mauvais (même s’il ne descend pas au niveau de son interprétation catastrophique dans Sherlock Holmes).
Et puis Christopher Mintz-Plasse (Supergrave), qui rame, rame, rame à sortir de ses vilains tics de jeu hérités de McLovin. Il est amusant, mais ça va bien 5 minutes.
Et puis surtout il y a Chloe Moretz, alias « Hit Girl », personnage sur lequel le buzz était peut-être le plus fort.
Et effectivement, elle est peut-être ce qu’il y a de mieux dans le film.
Et, à mes yeux, elle est aussi, et tout autant, ce qu’il y a de pire.
Je m’explique rapidement car je sens que je suis sur un terrain glissant où j’aurai peu d’alliés : on a donc ici un personnage de gamine, élevée au milieu des armes, qui se bat mieux que personne, qui est capable d’aligner les cadavres en un rien de temps. Graphiquement, c’est efficace, c’est amusant, c’est, comme on dit « jubilatoire ».
Sauf que non. Très vite ça coince très fort dans ma gorge quand toute une salle de cinéma applaudit devant une petite fille qui fait des trucs d’adultes. Attention, je sais bien que tout ça c’est de la BD, etc, mais je trouve qu’il y a quand même un gros gros problème dans le culte qui est voué à ce genre de personnage (et ça ne se limite pas à ce seul film, je le sais bien, c’est juste qu’ici il est particulièrement glorifié et les réactions du publics sont particulièrement positives). Armes à feu, perruque de strip-teaseuse, petite moue boudeuse, on aura beau dire ce qu’on voudra mais il y a une érotisation que je trouve particulièrement déplaisante, et même très grave.
J’ai pensé à Matilda, dans Léon de Luc Besson, qui était particulièrement délicat aussi dans son genre. Mais j’ai envie de dire que 1) ça faisait partie des choses en effet assez embêtantes dans Léon ; 2) Natalie Portman avait plus de profondeur que Chloe Moretz ; 3) le personnage était plus riche, plus approfondi, et donc du coup moins gênant. Matilda fait semblant, beaucoup, mais souvent, elle craque. Et puis son lien à Léon est justement moins problématique du fait que lui, en retour, lui oppose une réaction d’adulte (un refus). Ici non, Hit Girl est comme ça, jusqu’au bout, petite créature à deux dimensions – c’est tellement plus sympa comme ça.
Je trouve assez révoltant d’ailleurs que Kick-Ass ne bénéficie d’aucune restriction d’âge, non seulement quant à cet aspect, mais aussi bien sûr à cause de toute la violence exposée qui se veut justement sur le fil entre la fiction totale et le réalisme le plus dur.
Voilà, donc, quelques scènes efficaces, mais pas mal d’ennui devant un tel manque de classe dans la mise en scène, et surtout, ce gros problème qui m’a franchement mise en colère.
[NDLR : après quelques mois de recul, ne reste que la colère...]