Amazon invente le livre “single”

Par Benard

deolivierertzscheid

Les Cassandre du livre et de l'édition numérique n'ont que l'embarras du choix quand il s'agit de dresser l'inventaire des menaces pesant sur le livre-et-la-chaîne-du-livre-telle-qu'on-la-connaît : crainte que l'on se mette à vendre des livres au chapitre comme on vend des appartements à la découpe, crainte du piratage-vilain-pas-beau-qui-tue-le-financement-de-la-création, crainte des ogres Google et/ou Amazon et/ou Appletapis dans l'ombrenonsortant de la pénombrenon plus… exposant au grand jour leurs ambitions de dévorer tout cru la concurrence, j'en pense et d'autres idées de génies. Mais dans l'écheveau complexe de ce qui forge l'écosystème du livre et de l'édition numérique, depuis la fabrication jusqu'aux stratégies de vente en passant par les fourches caudines des prix, du partage du gâteau, des supports de lecture et des usages possibles, il manquait encore un élément, une clé de voûte, un déclencheur, un petit quelque chose qui permettrait à cet entrelacs complexe detenir ensemble.

Et donc hier soir j'ai littéralement bondi de ma chaise en lisant ceci : “Amazon launches Kindle Singles: for when a full ebook is just too much“.

Un “single” pour Amazon ce sera donc :

  • un texte de 5.000 à 30.000 mots (entre 15 et 90 pages)
  • qui coûtera entre 0.99 $ et 4.99 $ (un ebook sur le kindle - ou ailleurs - coûte en général entre 8 et 14 $)
  • et qui sera “intended to allow a single killer idea — well researched, well argued and well illustrated — to be expressed at its natural length.”

Si j'ai ainsi bondi de ma chaise, ce n'est ni pour la forme (le format ebook “court” existe déjà chez plein d'autres - futures -multinationales), ni pour le prix (d'autres - probables - grandes holdings de l'édition ont déjà affiché unepolitique de prix aussi agressive que transgressive).

En lisant la nouvelle, j'ai immédiatement eu en mémoire l'exemple de l'industrie musicale qui a, pour l'essentiel et quoi qu'en diseceluiqui est à l'industrie musicale ce que Frédéric lefebvre est à la pensée politique c'est à dire un trou noir aussi habillé de lumière qu'il est rempli de vide cérébral, j'ai immédiatement eu en mémoire, disais-je, l'exemple de l'industrie musicale qui a sauvé sa peau et multiplié les bénéfices en faisant du “single” LE vecteur de sa stratégie de diffusion au détriment de “l'album”. J'ai immédiatement pensé à Apple et à ITunes qui avait fixé et imposé le prix de vente du signel musical (0,99 $ là encore).

Beaucoup d'analystes du marché du livre électronique plaident depuis de nombreuses années en évoquant - ou en invoquant - l'analogie avec le passage au numérique du marché de la musique.

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http://affordance.typepad.com/mon_weblog/2011/01/amazon-invente-le-livre-single.html