Le 11 septembre 2001, le monde occidental découvrait avec effroi que la menace terroriste islamiste n'était pas circonscrite à quelques pays lointain d'Asie ou d'Afrique, mais qu'elle pouvait frapper n'importe où, n'importe quand. Dans un monde globalisé, le terrorisme s'était lui aussi mondialisé.
A la suite des Etats-Unis de George Bush, les puissances occidentales se sont lancées dans une incroyable guerre contre le terrorisme, entraînant de facto la stigmatisation de millions de musulmans, assimilés peu ou prou aux islamistes et donc aux terroristes. Pour mener à bien cette nouvelle guerre néo-coloniale qui n'a jamais dit son nom, les USA et l'Europe, entre autre, ont eu besoin de s'appuyer sur des régimes autoritaires et dictatoriaux. Les valeurs de démocratie et des droits de l'homme ont été mises sous le boisseau, au nom de notre sécurité. Ainsi, les Ben Ali, Moubarak, Khadafi, Bouteflika et autres ont vu leurs pouvoirs consolidés et se sont faits intronisés meilleurs remparts contre l'intégrisme religieux.
Pendant des décennies, on nous a expliqué de toutes les façons, que le monde arabe n'était pas compatible avec les valeurs démocratiques, que l'Islam n'était pas soluble dans la démocratie, que seuls des régimes forts pouvaient empêcher les religieux d'accéder au pouvoir. C'était faire peu de cas de la Turquie qui a réussi à inventer son propre modèle démocratique laïc et républicain. Mais peu importe, la vision manichéenne des faucons américains l'a emporté un peu partout, dans le monde musulman, il n'y aurait donc que deux camps : les intégristes et les partisans du pouvoir.
Et patratas ! En quelques semaines, toute cette construction savamment établie s'écroule. En Tunisie d'abord, en Egypte ensuite, ailleurs demain, espérons-le, le peuple reprend ses droits et se mobilise contre les dictateurs pour réclamer, plus de droits, plus de libertés. Le monde occidental ébahi découvre d'un seul coup que les aspirations des peuples arabes sont peu ou prou les mêmes que les siennes. Mieux, ces révoltes qui se transforment peu à peu en révolutions ne sont absolument pas portées par les religieux, complètement dépassés par les évènements, et qui en Egypte, où ils sont pourtant très implantés, apparaissent plus ou moins comme des alliés objectifs du pouvoir.
Ces peuples que l'on a nié depuis si longtemps au nom d'intérêts géostratègiques supérieurs, ces peuples que depuis 10 ans on enferme dans des logiques répressives sans issues, ces peuples reprennent leurs droits et descendent dans la rue pour clamer haut et fort qu'ils méritent qu'on leur rende leur dignité.
Ce début d'année 2011 est extraordinaire, il est la réponse lumineuse que le monde arabe attendait depuis le 11 septembre 2001. Oui, les aspirations à la démocratie et à la liberté existent dans le monde arabe. Oui, les islamistes ne sont pas la seule alternative possible, il existe d'autres courants d'idées et de pensée qui ne demandent qu'à fleurir. Oui, les occidentaux, les dictateurs et les religieux sont de mèche pour maintenir des millions de personne dans l'ignorance et la peur.
Ce qui se passe aujourd'hui dans le monde arabe, et peut-être demain dans tout le monde musulman, est un message d'espoir formidable. L'histoire ne s'est pas arrêté en 1989, elle ne s'est pas figée non plus en 2001, elle avance, au gré des aspirations des peuples à plus de liberté et de respect.
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L'action littéraire publie un article de Mediapart sur le rôle joué par internet en Tunisie et en Egypte.
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