Synopsis :Au-delàest l'histoire de trois personnages hantés par la mort et les interrogations qu'elle soulève. George est un Américain d'origine modeste, affecté d'un "don" de voyance qui pèse sur lui comme une malédiction. Marie, journaliste française, est confrontée à une expérience de mort imminente, et en a été durablement bouleversée. Et quand Marcus, un jeune garçon de Londres, perd l'être qui lui était le plus cher et le plus indispensable, il se met désespérément en quête de réponses à ses interrogations. George, Marie et Marcus sont guidés par le même besoin de savoir, la même quête. Leurs destinées vont fi nir par se croiser pour tenter de répondre au mystère de l'Au-delà. Source Allociné. Clint et moi on s'adore! Enfin surtout moi, lui seul sait que je n'existe pas. "Sur la route de Madison " m'a fait définitivement oublier "Dirty Harry" et sa légitime défense prétexte à toutes les violences du mec toujours du bon coté. A sa décharge, même les gonzesses de l'époque confondaient la virilité avec la brutalité. L’état de grâce cessible de l'acteur au réalisateur dure depuis "Pale Rider" jusqu’à "Million dollar baby"et "Invictus". Avec "Au delà" il se fait tard! Trop tard! Minuit exactement et le carrosse redevient citrouille. Longue histoire à deux balles que ces trois destins narrés laborieusement qui se joignent pour une fin bâclée. Marie/Cécile de France fait une expérience de mort imminente à l’occasion d’un Tsunami (Réalisation remarquable) Elle aperçoit des silhouettes à contre jour dans une lumière blanche, puis revient à la vie assez secouée par sa vision. Bon ! Qui n’a fait l’expérience du long couloir avec la clarté au bout lui jette la première pierre! Le plus banal des George C. sortant d’une boutique Nespresso voit Dieu en direct juste après la réception d’un piano sur la gueule. On s'en sort à bon compte en cédant au barbu la collection de capsules et on a droit à une vie toute neuve. Un second tour de manège contre un italien bien serré c’est un assez bon deal. On est d’accord sur la pureté absolue et candide du paradis et, comme le chef de la photo de la pub n’est pas un manche, les protagonistes sont bien éclairés et reconnaissables. Chez Clint, non. Il faut un médium pour décrypter l’image : il y a bien le code couleur de la blancheur immaculée (comment veux-tu, comment veux-tu… ?) mais les personnages sont flous, avec le spot dans le dos. C’est le job de George/Matt Damon médium XXL, qui, grâce à ce don, livre au malheureux en difficulté de faire son deuil, flagrant déni de réalité, l’identité et le message du cher défunt. George fuit se don. Pour lui c'est une malédiction qui lui interdit toute vie personnelle lui conférant un statut de phénomène de foire et une source de profit pour son frère. Marcus aimerait l’avoir ce don : il vient de perdre son frère jumeaux! Un modèle avec sa débrouillardise et cette casquette, seul moyen de différencier les jumeaux pour une mère alcolo/toxico/absente. On a vu ça en pire dans le "Submarino" de Thomas Vinterberg (lien ci-dessous). Le frère décédé, Marcus récupère la bâche devenu symbole de la présence surnaturelle de son aîné de quelques minutes et, de famille d’accueil en mal de bonnes actions en errances désespérées, il cherche le contact avec ce frère, père et repère. Courant derrière LA casquette il échappe à un attentat dans le métro de Londres. On trouve légitime et identitaire son besoin de rencontrer post mortem une dernière fois ce frangin trop tôt partit et ange gardien bienveillant ne serait-ce que pour lui demander le prochain tirage du loto ou le remède à son mal être. Le catalyseur de cette mystérieuse alchimie de la quête sera un salon du livre où se produira l’intersection des trois destins. Prés de moi,dans la pénombre du ciné, la femme que j’aime s’ennuie. Elle bouge, baille et ses yeux me demandent d’abréger le supplice en quittant la petite salle (pour une grosse propre ?). Ni mes mains ni mon doigt ne calmeront son impatience. Il est vrai que le récit est lénifiant, interminable et la fin semble bâclée malgré une mise en scène subtile de Clint Eastwood filmant George lui évitant de serrer ces mains qui provoquent ses visions ainsi que l’intérêt malsain et morbide de toutes celles et ceux qui ont du mal à tourner la page puis son isolement social. La lucidité de Marcus malgré l’immaturité du déni, validée par son jeune âge, confronté à la pléthore de charlatans du monde de l’au-delà est aussi subtilement réalisé. Le désarroi de Marie devant l’incompréhension et les trahisons des vivants est filmé et rendue avec émotion. Le message simpliste et évident est délivré par George en mode médium à Marcus juste avant d’aller faire Chababada avec Marie au formule I du coin (ton frère te dis de laisser cette casquette...., ce n'est pas toi....., vis ta vie etc….) peut s’étendre, au-delà de la mort, à nos ruptures, cette mort sans défunt où l’autre bien vivant dans son au delà bien à lui se reconstruit sans toi.
Cette plaie béante de l'absence ouverte par le glaive de la blessure narcissique devient la minuscule cicatrice d'un coup de canif sous la caresse du baume des saisons. Car le chemin du deuil n’est pas la voix de l’oubli. C’est juste le sable du temps!*
* (Où l'on s'enlise parfois avec beaucoup de bonne volonté.)
Vous aimerez sans doute:" Millénium", "le bruit des glaçons";"l'illusionniste"; "la tête en friche" "Submarino" "Mic-mac à tire-larigot"ou "le concert"
P.S: Si vous le trouvez encore lisez d'urgence "Les Thanathonautes" de Bernard Werber: un excellent récit sur la mort imminente donnant pas mal de vraisemblance à cette théorie fantasque. Attention: ça risque de vous faire aimer Werber! C'est mal vu en ce moment, beaucoup l'ont remplacé par Marc Levy ou pire Musso.
sinon j'ai ça aussi:
Proclus, philosophe grec du V° s. :
- "Cléonyme d'Athènes,... navré de douleur à la mort d'un de ses amis, perdit coeur, s'évanouit. Ayant été cru mort, il fut, le troisième jour, exposé selon la coutume. Or, comme sa mère l'embrassait..., elle perçut un léger souffle. Cléonyme reprend peu à peu ses sens, se réveille et raconte tout ce qu'il avait vu et entendu après qu'il avait été hors du corps. Il lui avait paru que son âme, au moment de la mort, s'était dégagée, comme de certains liens, du corps gisant à côté d'elle, s'était élevée vers les hauteurs et, ainsi élevée au-dessus du sol, avait vu sur la terre des lieux infiniment variés quant à l'aspect et aux couleurs, et des courants fluviaux invisibles aux humains. Elle était parvenue enfin à un certain espace consacré à Hestia [Vesta des Romains : divinité gardienne du foyer], que fréquentaient des Puissances démoniques sous la forme de femmes d'une beauté indescriptible..." (Proclus, Commentaire sur La République de Platon, XVI° dissertation, 114, trad. A.-J. Festugière, Vrin, Vrin, 1970, t. III, p. 58-59).