Le froid racle l’os quand la pluie balaye la rue et les espoirs. Je m’enfonce dans la nuit, l’œil torve, l’humeur vagabonde. Mine renfrognée, les mains passablement enfoncées dans les poches. Mes pas charrient l’incongruité d’une trajectoire rectiligne. Le goudron défile en remémorant ses heures d’hier, l’attention imprégnée d’une poésie urbaine, toulousaine… étrangement plus la vie ressemble à un roman plus le roman s’éloigne de la vie (Une Histoire de Séduction)… heureusement il y a la viande pour arrondir les angles, la viande folle à l’intérieur et au-dehors, aux fenêtres aux corridors, dans les immeubles et dans les cimetières (Les Angles)… Diabologum sonnait telle une gageure dans le conformisme ambiant d’un rock français n’osant plus se l’ouvrir en patois. Puis il y eut les suites en ordre dispersé (Expérience, Programme), et il faut bien le reconnaître, j’ai moins suivi. La rage supplante, le mot se délite et use la corde. Lâchés, écorchés. Jusqu’à ce single, Le Cercle Parfait. Accompagné de Patrice Cartier à la batterie, et porté à mes oreilles par Club Bureau, Michel Cloup sort du bois, démasqué, sa voix délibérément livrée à elle-même, confondante de nudité. Délaissant l’activisme hip hop des Binary Audio Misfits, l’intrépide, préparant un album pour 2011, revient à ses premières amours et cette écriture sensible, à couteaux tirés. L’impression de retrouver un ami, Un Instant Précis. Celui qui tape sur l’épaule quand tout va mal, pour dire que tout va mal, mais que c’est pas si grave. On est quand même pas si abîmé que ça.