Point de vue - Guignol’s gang

Par Benard

LEMONDE.FR | 27.01.11 | 13h1

Si M. Céline scandalise c'est que Dieu l'a fait pour ça ”écrivait dès 1932Georges Bernanos, à propos de celui qui faisait une entrée fracassante dans le monde des Lettres avec la publication de Voyage au bout de la nuit. On créditera M. Bernanos d'une forme de prescience, en 2011, cinquante ans après sa mort, Céline scandalise encore ! L'événement était prévisible, et le rendez-vous a été honoré. Dès queLouis-Ferdinand Célines'empare de l'actualité littéraire et artistique, c'est la bronca. Dès qu'un livre paraît, dès qu'un documentaire audiovisuel est annoncé, c'est la levée des boucliers. Si la réaction de M. Klarsfeld à l'inscription de Céline aux“Célébrations nationales”était attendue, on ne peut que s'interroger sur ses motivations.

Le 1er juillet 2011, nous célèbreront le cinquantième anniversaire de la mort de Louis-Ferdinand Céline, romancier majeur du XXe siècle, styliste de génie mais pamphlétaire contestable. L'événement était attendu par ses admirateurs, et préparé par de nombreux éditeurs. Rien d'anormal à cela, car Céline est l'écrivain français le plus lu et le plus étudié actuellement. Le volume des“Célébrations nationales”a été diffusé dès la fin de l'année 2010, mais M. Klarsfeld a préféré attendre la présentation officielle du ministre pour faire l'esclandre. Le coup est habile, soigneusement préparé… Toutefois, il est dommage que M. Klarsfeld ait préféré la facilité au dialogue. La colère à la pédagogie. Le coup d'éclat à la réflexion. Cet anniversaire aurait pu être l'occasion d'un débat intéressant et fécond sur les engagements politiques et littéraires de Céline. De s'interroger sur son rôle pendant l'Occupation. D'éclairer le lecteur sur la portée de ses écrits. Et in fine de comprendre comment un écrivain de génie ait pu mettre son génie littéraire dans une cause qui ne le méritait pas. Les nombreuses publications consacrées à l'écrivain permettent aujourd'hui de mieux appréhender cette période trouble de sa vie. Nul doute que M. Klarsfeld aurait trouvé des personnes pour en débattre avec lui, et nul doute que tout le monde y aurait trouvé son compte.

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