Quelques statistiques et conclusions très intéressantes issues des recherches du CERC (La France en transition) sur les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises :
« Le niveau atteint par les rémunérations des dirigeants des grandes entreprises cotées est sur la sellette en France comme aux USA et dans les pays européens les plus développés.
Plusieurs affaires ont attiré l’attention sur les niveaux atteints par certaines rémunérations, sans commune mesure avec les salaires moyens.
Outre le niveau de ces salaires, plusieurs aspects sont critiqués : les conditions d’attribution de certains éléments de rémunération, en particulier celui des stock-options, les abus auxquels ce mécanisme donne parfois lieu et, de manière générale, l’absence de transparence dans la fixation des différents éléments de rémunération des dirigeants. Cette question a émergé il y a une vingtaine d’années dans le cadre de la révolution financière des années 1980.Statistiques du CERC sur les rémunérations des Dirigeants
Celle-ci, comme le souligne Daniel Cohen (Cohen, 2006, p. 36-37) a arraché les managers au salariat et les a rendus actionnaires. Les rémunérations des dirigeants se sont envolées, non seulement leur salaire, mais également les stocks-options qui leur ont été attribuées
Alors que Rockfeller avait autrefois préconisé aux USA que le salaire des dirigeants d’entreprise ne dépasse pas 40 fois celui de leurs ouvriers, le salaire moyen du PDG américain est passé de 85 fois le salaire moyen d’un salarié en 1990 à 500 fois en 2000. L’évolution a été similaire en Europe et particulièrement en France.
Plusieurs journaux européens ont souligné que les dirigeants des grandes entreprises françaises étaient nettement mieux rémunérés que leurs homologues des autres pays européens.
Der Spiegel du 22 juin 2006 constatait que les chefs des grandes entreprises françaises étaient les mieux payés d’Europe (Guillaume, 2006). Selon le European Corporate Governance Institute, la rémunération moyenne des dirigeants du CAC 40 hors stock options en 2001, s’élevait à 1,84 million d’euros contre 1,54 pour leurs correspondants Britanniques, 1,37 pour les Néerlandais et 1 million pour les Italiens.
Les dirigeants des sociétés du CAC 40 ont vu leurs émoluments augmenter en moyenne de 36 % en 2000, de 20% en 2001 et de 13 % en 2002. Fin 2002, la rémunération moyenne s’élevait à 2,07 millions d’euros (Clément, 2003, p. 39).
Une large partie des rémunérations des dirigeants d’entreprises n’est pas versée sous forme de salaire. Elle provient de gains réalisés à l’occasion de la réalisation des stock-options qui leur sont attribuées chaque année. Selon le cabinet Proxinvest, les patrons des entreprises cotées au CAC 40 ont touché en moyenne en 2004 l’équivalent de 162 années de SMIC sous forme de rémunération salariale et 204 années sous forme de stock options. Selon le mensuel Alternatives économiques, la rémunération des dirigeants d’entreprises du CAC 40 en 2005, stock-options comprises, allait de 340 000 euros (Gaz de France) à 23 020 500 euros, soit 1870 SMIC pour le dirigeant de Vinci qui a été depuis démis de ses fonctions par son conseil d’administration (Duval, 2006). C’est en France que la part des stock options dans la rémunération totale est la plus élevée, même par rapport aux USA. Si 80 % des entreprises du CAC 40 proposent des stock-options, cela ne concerne que 1 à 2 % des salariés.
En France comme dans plusieurs autres pays et notamment les USA, les autorités publiques ont tenté d’encadrer ces pratiques sans pour autant parvenir à mettre fin aux abus. Plusieurs rapports parlementaires se sont émus de cette situation et ont préconisé un encadrement plus strict des stock-options. Leurs préconisations reprennent en grande partie celles qui avaient été faites par Balligand et de Foucauld en 2000, en particulier celle d’accroître la transparence sur les conditions d’attribution et de renforcer le contrôle des conditions d’exercice des stock-options »
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Crédit photo : Martin BOULANGER/Stock Exchange