On ne fait pas que de la reclame a marseille

Marseille est sans nul doute la ville de France qui véhicule le plus de stéréotypes. Citons en vrac le Pastis olives sur le vieux port, les parrains Corses et leur très grande facilité à défourailler à tout va, Fernandel et son huile d’olive, l’OM et ses joueurs déifiés, Jean-Claude Gaudin et son accent  qui ferait passer un héros de Pagnol pour un vrai gars du nord. Et le pire de tout ça, c’est que ces images sont plutôt vraies. A Marseille, on parle du match de la veille sur le vieux port entre un parrain Corse et Jean-Claude Gaudin venu en voisin de la mairie voisine, avec le sosie de Fernandel comme serveur. Mais si on s’arrête à ça, on ne connait pas Marseille. Du tout. Ca c’est la Marseille de théâtre, le Marseille qui palabre, qui se met en scène, qui se complait avec délectation dans ses fameux stéréotypes, qui en jouit et s’en repait jusqu’à plus soif. On entre-ouvre le rideau et la vérité est toute autre. A Marseille on bosse aussi. A Marseille on crée également. A Marseille on a des agences de pub, des créateurs de mode, des graphistes super pointus, des gaffeurs reconnus.  A Marseille sont nées des marques de fringues comme Kulte ou Sessun, des studios graphiques comme Fatch design qui exploite les codes de la culture urbaine pour habiller les marques.  Voilà, c’est ça aussi Marseille. Vous me direz, rien d‘extraordinaire là-dedans, à Nantes, Reims ou Bordeaux il y a certainement des courants similaires, des petites boîtes qui ont des idées du tonnerre, des illustrateurs qui illustrent à merveille. Oui mais ici c’est différent. C’est différent parce que comme me le disait un chauffeur de taxi, « Marseille tourne le dos à la France, et ouvre les bras à la mer ».  Rien ne ressemble à Marseille. Et Marseille ne peut accoucher d’une création standardisée ou issue de la « fashion ». Ses inspirations sont multiples, ethniques, urbaines. Alors, y a-t-il une école marseillaise comme il y a une école d’Anvers pour la mode ? C’est marrant mais j’ai tendance à penser que les marseillais se la jouent discrète sur ce coup là. Ou modestes. Après tout parfois le stéréotype, c’est une bonne planque.