Dans son dernier billet, il exécute d'une image le pourtant primé "La vie est brève et le désir sans fin"
"La vie du personnage principal, un raté, se résume à la course au coït avec un zombie"tout en s'interrogeant sur les motivations profondes des choix des jurys littéraires et partant, sur le rôle de prescripteurs que devraient jouer les libraires ; ou plutôt, sur celui qu'ils jouaient autrefois, quand vendre des livres n'était pas tout à fait une activité commerciale comme une autre.
Je ne peux que déplorer avec lui la disparition des "petites" librairies -et pas seulement en milieu rural : même en ville, il n'y a désormais que des Flaques, des Europe 2 Megastore, des Culte du rat, et autres enseignes du groupe Brima ... Parfois, on a la chance de tomber sur des individualités généreuses et passionnées, mais ce genre de personne est souvent sacrifiée sur l'autel du profit. Les autres vendant du livre comme un entrepreneur de pompes funèbres son petit matériel : avec une chaleur factice.
Les prix littéraires, n'en parlons même pas. A quelques brillantes exceptions près -Les bienveillantes, La bataille, les livres de Jean Echenoz- mes lectures en ce domaine ont été à l'image du commerce évoqué au paragraphe précédent : mortelles. En vrac, et sans ménagement, parce que ça défoule : La maîtresse de Brecht est un sommet d'ennui, La petite chartreuse une histoire bête pour faire pleurer Margot ; et La carte et le territoire, je vous dirai tout le mal qu'il faut en penser quand je me serai décidé à le lire.
Ce qui me plait dans les discussions avec les vrais amateurs de lecture, ce que j'aime dans ce type de note de blog, c'est la sincérité qui s'en dégage : on ne s'érige pas en censeur, en petit critiquounet de pacotille ou en arbitre des élégances littéraires ; non, on dit ce qu'on a aimé, on se reconnait mutuellement le droit de n'avoir pas apprécié, pas compris, de ne pas être "rentré" dans le livre, voire de l'avoir trouvé ennuyeux, de l'avoir abandonné avant la fin, et d'en avoir finalement fait un usage plus utile en calant sa table de nuit avec.
Tout le contraire de nombre d'émissions littéraro-nombrilesques, de pédants qui jugent de la qualité d'un livre à son nombre de pages, ou de certains blogs se prétendant littéraires. Mes vrais coups de cœur littéraires, mes vraies découvertes, je les dois aussi à tous ces lecteurs, tous ces passeurs du quotidien, tous ceux qui savent parler de livres le plus naturellement du monde, sur leur blog, ou le matin au bureau avec une tasse de café à la main, avec passion et sincérité.