Par Corinne De Luca.
Tomates / Nathalie Quintane (P.O.L., 134p., 12.50€)
Ou comment parler d’engagement collectif loin des discours formatés et des dogmes.
« L’insurrection ne peut avoir lieu dans un livre. Quelque chose a lieu dans un livre. Autre chose qu’une insurrection aura donc lieu dans ce livre »
Sous la forme d’un livre court et spontané même s’il contient beaucoup de notes de bas de page en complément, « Tomates » de Nathalie Quintane aborde le thème de l’engagement collectif et des limites des moyens d’action de lutte du peuple.
Ni pamphlet, ni tract, elle y parle de la banlieue au travers des émeutes de 2005, d’Action directe, de Jean-Marc Rouillan et ouvre une discussion avec le philosophe Jean-Paul Curnier d’où ressortent des pistes de réflexion.
Tour à tour agacée ou drôle, elle dit son désir de planter des tomates avec des graines issues de l’agriculture solidaire, l’absurdité de l’interdiction du purin d’ortie pour le traitement des cultures puis elle part ensuite très vite sur un thème plus sérieux et qui la préoccupe. A travers l’affaire dite de Tarnac et l’arrestation sans réelles preuves de Julien Coupat pour le sabotage d’une ligne électrique du TGV, elle nous parle d’une démocratie de plus en plus vacillante. Il ne fait pas bon aujourd’hui avoir dans sa bibliothèque des ouvrages politiques (Auguste Blanqui sur la Commune) et des textes sur une insurrection possible ou non du peuple (cf. L’insurrection qui vient publié en 2007 par La Fabrique).
Comment changer ce monde en se basant sur des valeurs collectives ? L’insurrection viendra t-elle ou non? Autant de questions posées par l’auteur.
L’humour et les mots simples de Nathalie Quintane donnent la pêche et en même temps le sujet de son livre nous ramène très fort pour certains d’entre nous à nos difficultés dans une société mondialisée qui ne tient aucun compte des humains au profit des marchandises.
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