Non! jardiner n'interdit pas de penser

Par Christine Desbordes.

Tomates / Nathalie Quintane (Eds. POL, 134 p., 12,50€)

Le dernier ouvrage  de Nathalie Quintane "Tomates" n'est pas un livre de jardinage, mais une originale, riche et libre réflexion sur notre société actuelle.
L'auteure plante ses tomates. "Je cultive des tomates mais j'ai les boules". Les lois agricoles actuelles interdisent la diffusion de la recette anti pesticide du purin d'ortie, plus inquiétant et plus grave, 2009 est l'année de l'affaire Tarnac; Julien Coupat est accusé d'intention de sabotage ferroviaire et d'être l'auteur d'écrits subversifs "L'insurrection qui vient". J. Coupat va passer six mois en réclusion "Un néon sur la tête et une barquette de fraises au petit déjeuner" L'écrivaine va nous faire partager ses inquiétudes, ses interrogations sur le devenir politique de notre société, sur le pouvoir de la littérature, sur les possibilités d' engagements politiques et littéraires. Sa colère éclate contre le pouvoir qui nous modèle, formate et nous manipule. "Comment réagir de près ou de loin, comme tout le monde, dans un milieu numériquement faible auquel j'appartiens?" Elle dénonce l'affadissement de la culture et son tout festif "Lire en fête ou livres en fête, poètes fêtards, lectrice donc fêtarde." Ce court ouvrage (134)pages) s'étoffe de nombreuses notes, titres et citations d'ouvrages, renvoie vers des sites internet et extraits de textes de philosophes révolutionnaires; nous pouvons donc approfondir les réflexions de N. Quintane. Au gré de ses lectures, des films qu'elle visionne, de ses activités d'écrivaine, de festivalière, nous parcourons plusieurs périodes politiques, révolutions, militantisme d'Action directe des années 1970 avec Rouillan, les dernières émeutes des banlieues.Elle nous invite à une conversation fictive entre les deux frères Blanqui que tout oppose politiquement, et surtout à un débat avec l'essayiste Jean-Paul Curnier sur la situation des banlieues où les conditions d'une insurrection ne peuvent pas, d'après lui être réunies. Malgré le serieux du sujet, le style, l'écriture de Nathalie Quintane autorise de nombreux sourires et donne une certaine légèreté à l'ensemble.  Corinne De Luca a également consacré un article sur ce livre dans ce blog : lire son article ?

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