Across the universe

Par Rob Gordon
Pas sûr que les Beatles sortent grandis de ce Across the universe mal fagoté : le premier talon d'Achille du fourre-tout de Julie Taymor réside dans l'orchestration des chansons, fortement enrichies en glucose, jusqu'à l'overdose de sucre. La preuve que John, Paul et les autres n'étaient pas que de brillants compositeurs, mais aussi des types capables de transformer leurs ballades souvent pop en des chansons épaisses et digestes. Ici, la côté simpliste de certaines paroles ressort, au détriment de la grâce des morceaux. C'est déjà un très mauvais point. Il faut dire que l'interprétation n'aide pas : Jim Sturgess est une sorte d'incommensurable endive, multipliant les regards de cocker pour faire le lover façon Jon Bon Jovi. Pouah.
Spécialiste des mélanges hétéroclites, Julie Taymor ne manque pas de toupet. Son film est une mixture d'influences diverses, ce qui donne lieu à des moments délicieusement surréalistes mais qui ne parvient pas toujours à éviter le ridicule. L'angélisme total de l'histoire et le côte prévisible des rebondissements rendent l'ensemble un peu risible. À tel point que les numéros musicaux, aussi moyens soient-ils, apparaissent comme des portes de sortie pour le moins salvatrices. D'autant que quelques numéros musicaux possèdent tout de même un charme indéniable : parmi eux, un Come together délirant avec Joe Cocker en guest star. Pour le reste, on trouve le temps bien long devant cette comédie musicale ambitieuse mais un peu foireuse, qui ne dépasse que trop rarement son étrange statut de teen movie pour vieux. Et les yeux d'Evan Rachel Wood n'y changeront rien.
5/10