Alors qu'il a été prouvé scientifiquement que l'humour disparaissait avec l'âge, il est toujours agréable de constater que certains papys n'ont rien perdu de leur potentiel comique. À 77 ans et toutes ses dents, Mike Nichols se montre plus mordant que jamais, lui qui a souvent fait preuve de mollesse par le passé. Si La guerre selon Charlie Wilson n'a rien d'un monstre de subversion, cette comédie politique souffle un vent de fraîcheur en des temps où les dirigeants du monde sont soit des rois du n'importe quoi, soit de sinistres parangons de vertu.
Pas sûr que La guerre selon Charlie Wilson contribue à éveiller les spectateurs aux joies de la géopolitique : à vrai dire, il y a des moments où l'on ne comprend pas grand chose, voire que dalle. Et pourtant, cela n'a jamais été aussi peu important, tant le film prête à rire, en tout cas à sourire, par le biais de son super politicien aussi roublard que déterminé. Finalement, on n'est pas loin d'OSS 117, même si l'humour est moins effrontément exposé que dans le délicieux petit film de Michel Hazanavicius. Et si Tom Hanks n'est pas Jean Dujardin, c'est pour une fois une bonne nouvelle, tant son côté vieillot et coincé crée un délicieux antagonisme avec la fantaisie de son personnage.
Moins fin mais aussi drôle que les précédentes oeuvres (notamment quelques séries en forme de joyau) d'Aaron Sorkin, La guerre selon Charlie Wilson est un charmant divertissant, loin d'être stupide mais pas vraiment culturel, qui vaut surtout pour ses seconds rôles : une Julia Roberts peu présente mais excellente en femme d'influence sans vergogne, et un Philip Seymour Hoffman toujours meilleur lorsqu'il se lâche plutôt que dans le cadre de prestations Actor's studio certes de qualité mais plus prévisibles qu'ici. On souhaite en tout cas à Mike Nichols de nous livrer encore quelques films de cet acabit avant de prendre sa retraite.
7/10