Magazine Politique
I. Contre-point
Dès que le Conseil Constitutionnel avait été saisi, via une "question prioritaire de constitutionnalité", de la question du mariage gay, j'avais dit qu'il ne pourrait que renvoyer le législateur à ses responsabilités. Ainsi en a-t'il été. A lire certains commentaires accusant que les garants de la Constitution d'hypocrisie je vais préciser que mon propos n'était pas seulement un constat : j'approuve à 200% les déclarations récentes de Jean-Louis Debré. Il ne s'agit pas ici du mariage gay mais du rôle des juges constitutionnels désignés et de celui de la représentation nationale élue. Les uns veillent à l'application des principes constitutionnels et les autres font les lois. On peut faire semblant de croire que les rédacteurs des constitutions successives (dont Michel Debré) avaient à l'esprit que le principe d'égalité comportait la reconnaissance du mariage civil entre personnes de même sexe, mais on ne peut que faire très vaguement semblant qu'ils aient été trahis dans leurs intentions. La modification de dispositions législatives (ancestrales pourrait-on dire) concernant le mariage et ses effets, ne peut résulter que d'un débat de société et d'un vote parlementaire. On peut faire feu de tout bois pour faire progresser cette cause, mais pas en appelant de ses vœux une "République des Juges" pour contourner la représentation nationale. Je ne crois pas que le salut viendra d'un Conseil de personnalités désignées quelles que soient leurs éminentes qualités humaines et politiques. Je suis profondément désolé d'être encore attaché à la démocratie parlementaire...
II. Progrès
Après sa boulette concernant la Tunisie et l'aide qu'elle pouvait apporter à Ben Ali avant sa fuite, Michèle Alliot-Marie apprend la communication diplomatique à propos de l'Egypte. Désormais la France exprime (un peu tardivement quand même) sa "vive préoccupation". Pendant qu'Hillary Clinton demande de "respecter les droits fondamentaux", MAM souhaite que l'on prenne en compte l'aspiration "à davantage de liberté et de démocratie". Toute la marge de progrès de MAM est dans ce "davantage". Au prochain tyran qui va tomber elle demandera peut une liberté et une démocratie pleines et entières.
III. Je n'aime pas Mélenchon
Jean-Luc Mélenchon n'est pas content d'un dessin de Plantu sur la montée des populismes (dire que "Mélenchon n'est pas content" relève de la tautologie). En faisant l'amalgame entre Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, le dessinateur satirique n'a certes pas fait dans la dentelle. Je m'excuse auprès de mes lecteurs mélenchonistes mais moi j'ai rigolé ; il est vrai que je ne suis pas objectif : je garde en souvenir ses propos de 2008 concernant la langue bretonne.
IV. Pirates
L'Hadopi a rendu public un rapport sur "Hadopi, biens culturels et usages d’internet : pratiques et perceptions des internautes français". Il en ressort que 49% des internautes ont téléchargé illégalement au moins un bien culturel (et non pas "la moitié des français téléchargent illégalement" comme certains journaux l'on affirmé). J'aime tout particulièrement la dernière phrase de conclusion : "L'Hadopi débute son action dans un contexte ouvert", c'est pour ça que l'on paye cher des communicants, parce que c'est quand même mieux tourné que "L'Hadopi est dépassée par les événements mais on continue comme si de rien n'était".
V. Dégoût
David Kato, un militant gay ougandais a été assassiné après qu'un journal ait publié une liste d'homosexuels et appelé au meurtre. Une manifestation devrait avoir lieu lundi 31 janvier à 17H devant l'ambassade d'Ouganda à Paris. Le prêtre qui officiait lors des obsèques de David a dénoncé l'homosexualité ("un mal qui sera puni par Dieu") et appelé les gays au repentir, provocant une échauffourée avec les militants présents, légitimement excédés. Le prêtre a dû quitter les lieux sans finir son sermon. On aurait dû le jeter aux lions, comme au bon vieux temps...