Il y a encore quelques mois, alors qu'elle devait rentrer précipitamment de vacances pour cause de crise des subprimes, la ministre de l'Economie et des Finances, se la jouait Dominique Voynet du temps de l'Erika en assurant haut et fort qu'il avait "pas de crise des subprimes"… Aujourd'hui face au décrochage sans précédent, depuis le 11 septembre 2001, des bourses mondiales (-6.83% pour la Bourse de Paris), la même locataire de Bercy se réfugie derrière des incantations sans queue ni tête dignes d'un Jean-Pierre Raffarin de la grande époque en
assurant : "quand la situation internationale est compliquée, il faut être prêt à la maison en ayant pris ses précautions". Comprenne qui pourra…
Heureusement Christine Lagarde précise sa pensée, pour elle prendre ses précautions c'est… dilapider le peu d'argent qui reste dans les caisses dès son entrée en fonctions histoire d'être bien sûrs de ne plus rien avoir à se mettre sous la dent dès que la crise pointe son nez. En effet, elle affirme que la situation actuelle (le mot crise semblant banni dans sa bouche) la "conforte aussi dans l'idée que le plan de mesures que nous avons mis en œuvre dès cet été avec la loi Tepa, arrive à point nommé pour encourager le travail et pour développer l'activité sur le plan de l'économie française". C'est vrai que le bouclier fiscal était impératif pour prémunir Johnny Hallyday et autre Vincent Bolloré contre la chute de leurs placements en bourse…
Mais en dépit de tous ses efforts, la ministre des Finances n'arrive pas à se hisser niveau atteint par le président de République, ce week-end, qui a réussi l'exploit de donner à la fois dans la méthode Coué et l'autosatisfaction puisque selon lui : "on n'est pas dans une récession, la France tient mieux que les autres, on est dans une croissance autour de 2%, nous avons des chiffres d'emploi qui sont excellents et un taux de chômage qui n'a jamais été aussi bas". Emporté par son élan il s'était même permis d'ajouter, limite dédaigneux : "à tel point que les Américains s'engagent à investir 1% de leur PNB dans leur économie. Tepa, c'est 0,7% de notre PNB dans notre économie, sauf que eux le font avec six mois de retard". Deux jours après l'annonce des mesures américaines, les bourses mondiales sombraient...
Mieux, pendant que le chef de l'Etat, grand spécialiste de l'économie devant l'éternel, décerne une satisfecit (certes du bout des lèvres) aux Etats-Unis, le FMI, en personne de son directeur, en visite à l'Elysée, n'est pas tout à fait d'accord. Selon Dominique Strauss-Kahn, en effet, "les bourses n'ont pas apprécié, semble-t-il, le paquet proposé par le président Bush". A l'avenir, Nicolas Sarkozy ferait de mieux choisir ses candidats avant de les imposer dans les instances internationales...