Vous n’êtes pas sans savoir qu’en ce moment, le prix des matières premières est constamment revu à la hausse. Dans l’économie mondiale actuelle, la première concernée est bien entendu le pétrole. Mais rassurez-vous, notre bon président a décidé d’y mettre un terme! En effet, lors de la conférence de presse du G20, il a, entre autres sujets, abordé la question de la régulation de la spéculation. Selon lui, celle-ci est entière responsable de la montée des prix. Mais si cette volonté de régulation est surement louable, il convient de se demander dans un premier temps si ce lien de cause à effet est effectivement valide. Pour M. Sarkosy, la question est réglée, et le rapport de la commission européenne aboutissant à une autre conclusion, n’a de vocation qu’à être « publiée le 1 avril, ou elle sera parfaitement en situation » (c’est ici, 51min30).
Le moins qu’on puisse dire, c’est que Christophe de Margerie, PDG du groupe Total, ne partage pas son avis. La première minute de cette vidéo a le mérite d’être explicite. Selon notre homme, la montée des prix s’explique avant tout par l’incapacité de l’industrie pétrolière à continuer à augmenter sa production. Cela dit, la question de l’impact réel de la spéculation sur le prix du pétrole reste une question compliquée, et cet article ne prétend en aucun cas trancher. Par contre, on appréciera grandement le réalisme de M. de Margerie concernant la disponibilité des ressources fossiles. Si « il n’y aura probablement plus beaucoup de pétrole à la fin de ce siècle », il s’agit des réserves totales! Par contre, « les problèmes de capacité de production, ce n’est pas à la fin du siècle, c’est beaucoup plus tôt! ». Rappelons également que l’AIE a, l’année dernière, officiellement estimé le pic pétrolier en 2006. La présidence de Total n’est donc pas une exception, et on constate aujourd’hui une véritable prise de conscience de la finitude des réserves de pétrole.
Il est donc regrettable que les dirigeants politiques refusent de faire preuve de ce même pragmatisme. Alors que nos économies sont littéralement droguées au pétrole, il est plus que temps que ces conclusions soit prises en compte dans les décisions politiques! D’autant plus qu’au delà de la question de la capacité de production, il vient se greffer d’autres grands problèmes. Certains sont écologiques, et le dérèglement climatique n’a pas le monopole comme le témoigne l’exploitation des sables bitumineux d’Alberta (abordée à la 3ème minute de la vidéo). Et d’autres sont sociaux et moraux. Jusqu’où pouvons nous aller dans l’exploitation des ressources dans des pays ou la population locale touche 1 dollar par jour? Je vous renvoie ici une n-ème fois à l’exemple criant du Nigeria (voir Nigeria quand tu pleure) ou il est difficile de croire que l’argent versé au gouvernement, profondément touché par la corruption, profite aux populations locales.
Pour plus d’informations sur le sujet, je recommande le blog de Matthieu Auzanneau, journaliste indépendant et expert reconnu du sujet.