Après le suicide de deux enfants âgés de 9 et 11 ans, et une tentative chez une adolescente de 14 ans, le gouvernement lance une enquête sur le suicide des jeunes
Il y a une semaine, une fillette de 9 ans atteinte de diabète s’est jetée du 5e étage de son immeuble de Pierre-Bénite, au sud de Lyon. Mardi soir, dans le Jura, un garçon de 11 ans s’est pendu seul chez lui. Il souffrait, selon ses proches d’une « très grande solitude ». Enfin, en Seine-Saint-Denis, une adolescente de 14 ans a tenté de se suicider jeudi dans son collège de Vaujours (93) en sautant du 4e étage de l’établissement. Pour un psychiatre et un pédopsychiatre qui expliquaient ce phénomène sur RTL, cette situation est alarmante et doit être considérée comme une priorité par les pouvoirs publics.
Des enfants plus mûrs, plus tôt
Serge Héfez, pédopsychiatre à la Pitié-Salpêtrière, à Paris, explique : « Il y a un changement générationnel, finalement un enfant de 9 ans aujourd’hui il a la maturité d’un adolescent de 14 ans autrefois parce qu’il est très informé par la télé, par internet et qu’en plus on lui enjoint en permanence de réfléchir pour lui-même, de prendre ses propres décisions, on le traite comme un petit adulte. Or pour se suicider, ça paraît un peu paradoxal de le dire, mais il faut se sentir être une personne. C’est pour ça qu’on se suicide beaucoup à l’adolescence, c’est le moment où on est plus en enfant, on devient un adulte, on se demande qui on est. Il y a des enfants de plus en plus jeunes qui se posent cette question, une question extrêmement angoissante qui peut déboucher à des passages à l’acte comme ça ».
« Ce n’est sûrement pas un vrai désir de mort »
A-t-on conscience d’être mortel à cet âge-là ? Pour le psychiatre Boris Cyrulnik, chargé de la mission sur le suicide des jeunes, « pour un enfant à partir de 7, 8 ans, il n’est pas dit que le mot « suicide » corresponde à ce qu’il pense. Probablement à cet âge-là c’est attirer l’attention sur lui, attirer l’affection sur lui. C’est probablement révélateur d’une grande solitude, mais ce n’est sûrement pas un vrai désir de mort, puisque le mot « mort » ne désigne pas la même chose chez un enfant, chez un adolescent ou chez une personne âgée ».
Le gouvernement veut prendre la situation en main
M. Cyrulnik annonce le lancement d’une enquête sur le suicide des jeunes : « On va essayer de comprendre ce phénomène, dépister les facteurs qui tout au long de la vie font qu’un millier d’enfants tous les ans réussissent cette tragédie. J’ai accepté parce que surtout j’ai envie d’aider dans le cadre des théories de la résilience. Il y a des pays qui l’ont fait, qui diminuent leurs suicides, de toute façon c’est un problème majeur de notre société et pas seulement de l’enfant ou de la famille ».
Lauren Clerc