Darwin l’avait deviné, il faut évoluer ou mourir. La sélection naturelle est sans pitié, et à tout point de vue. S’adapter ou se retirer, c’est un peu le principe dans chaque chose. Une idée difficile à mettre en place dans l’Hexagone, par exemple dans le milieu culturel. Héritier d’un système séculaire (SACEM créée en 1851, CNC en 1946), la culture en France a une vraie place, reconnue mondialement, mais également inamovible, coincée entre des systèmes protégeant (à juste titre) les auteurs et réglementant sans discuter le milieu.
De ce postulat, on tentera d’y appliquer les évolutions récentes. Internet, smartphones, p2p, … La technologie galope, les réglementations suivent de très loin. Hadopi pourrait proposer un arrangement à l’amiable, dans l’ère du temps, au lieu de tenter de museler le gentil internaute (dernier exemple en date, Pascal Nègre qui propose de limiter les écoutes sur Deezer ou Spotify, absurde). Mais portée par les lobbys des labels musicaux et des acteurs importants du domaine culturel (certains auteurs/acteurs en tête), la loi passe pour une vaste machine indigente, au coût disproportionné pour un résultat déjà en retard (sur la législation européenne, sur les technologie du web et sur ses propres dispositions réglementaires…). En bref, on demande désormais au spectateur du monde culturel de s’auto-museler en criant au respect des auteurs (et leurs portefeuilles?). Le serpent se mord l’arrière train dans un monde qui va vers des libertés accrues en terme d’accès aux matériels culturels. Si les acteurs du marché ne réagissent pas assez vite en lançant leur propre mutation, ils risquent fort de disparaitre derrière le nombre de leurs clients déjà passés à autre chose.
Et dans tout ça, on note quelques bonnes idées. Des idées novatrices, offrant un vrai dialogue avec le public. On avait vu Radiohead proposer son dernier album à un prix libre, une solution audacieuse et rendu possible par le succès du groupe (et la qualité de son travail). Une juste proposition qui n’avait été possible qu’à ce niveau (dur d’imaginer cela pour le premier album d’un petit groupe provincial). Néanmoins dans un secteur schlérosé, et en chute libre depuis huit ans (ceci devrait prouver que les solutions restent à trouver), la révolution ne se fait pas. Notons donc l’initiative du Festival d’Amiens (Musiques de Jazz & d’Ailleurs) qui vous proposera, à toi public, le libre choix de votre billet. Face à l’explosion des tarifs en festival, voilà une bonne nouvelle expliquée ici :
L’objectif de cette proposition est multiple : bouleverser les habitudes de consommation passive d’un objet culturel que nous ne souhaitons pas marchand, afficher sans ambigüité notre vision d’un public que nous savons intelligent, questionner 30 ans de fonctionnement économique d’un certain type de diffusion culturelle.
Il sera temps d’en faire le bilan ensuite. En tout cas voilà une initiative (isolée) qui pourrait montrer l’exemple auprès des grands tourneurs de France et de Navarre (on peut rêver, hein!). Les mois à venir nous diront si à l’heure du numérique les industries culturelles savent évoluer (et le faire intelligemment) ou continuer leur lente chute. Le cinéma a trouvé des artifices pour gonfler les billets d’entrée, entre 3D et suites multiples. La musique pourra t-elle également trouver la parade pour ne pas tomber? Aujourd’hui, à l’heure où Google et Apple sont à la croisée des chemins technologiques et culturels, leurs économies se fondent sur la publicité. A voir par exemple le modèle d’Hulu aux USA, on se dit que la voie de l’accès gratuit n’est peut pas si idiots… Quitte à se coltiner quelques publicités supplémentaires (mieux ciblées?), on se dit que certaines solutions devraient être mieux étudiées.
http://www.lacultureaunprix.com/
Amiens Jazz Festival