C'est officiel : tous les citoyens ne sont plus égaux. On pensait jusqu'à maintenant que le droit -ou pas- au mariage -homosexuel en l'occurrence- ne tenait qu'aux calculs électoraux d'un gouvernement qui tire une partie indispensable de sa majorité des milieux très conservateurs, hypercathos, voire d'extrême droite.
Le Conseil constitutionnel vient de décréter que l'interdiction du mariage gay serait conforme à la Constitution. Les articles 75 et 144 du code civil, qui dispensent le bénéfice de la loi aux citoyens en fonction de leur préférence sexuelle peuvent continuer, d'après nos « sages », à créer cette insupportable discrimination entre les citoyens de notre douce France.
Et comme le mariage est actuellement le seul dispositif qui apporte aux enfants la plénitude des droits et des avantages de la république, ce sont quelques deux cent mille enfants français qui se voient, par cet oukase, également privés d'égalité républicaine. Car les homosexuels ont des enfants : pour 85% issus de mariages hétérosexuels précédant leur coming-out, et pour 15% par différentes méthodes d'adoption ou de gestation pour autrui.
Du coup, en la matière, la France se classe au nombre des mauvais élèves de l'Europe. Les Pays Bas, la Grande Bretagne, la Belgique, les très catholiques Espagne et Portugal et le Luxembourg ont déjà adopté le mariage homosexuel, et les trois premiers également l'adoption. La Suède se paie même le luxe d'obliger de surcroît les églises à célébrer les mariages gays ! Nous nous classons donc parmi les cancres, avec l'Italie et l'Irlande...Toutefois, le Conseil Constitutionnel, s'il a dit que le refus du mariage aux homosexuels était conforme à la constitution, n'a pas dit pour autant que son octroi n'y était pas conforme. Il renvoie en fait au législateur la charge de dessiner le profil social de la société française.
C'est dire que le mariage gay et l'adoption vont être plus que jamais des enjeux électoraux majeurs des élections qui s'annoncent. 63% des Français, dont la droite modérée y sont favorables, et ce point va donc être une amorce de rupture supplémentaire pour l'UMP, qui est assise entre deux chaises et ne « passe plus » sans sa frange ultra-conservatrice.