Tu dis la pluie ne s'arrête pas encore
Et je réapprends à te faire fort l'amour
C'est l'automne et les enfants dehors
Crient ont-ils vieilli eux une année passe
Jusqu'à ne plus entendre les oiseaux
Qui se chamaillent au loin les bouleaux
Et tout près je t'aime endormie en boule
Au bord de l'autoroute sortie 12 je vois
Que campent les romanichels du poème
Ou sont-ils de Van Gogh en noir et blanc
Au McDrive trop propre du rond-point
Suivant je tourne autour de la réciprocité
Et ne mange pas mon obole parce que
Les jours sont devenus sombres allume
Fermé la porte du commissariat a brûlé
Le pain est seulement chaud je sors et
La table est mise il est partagé émietté
Saucé même dans la soupe à petit feu
Du soir chaque soir les légumes verts
Du marché la police ne circule pas sans
Son mot à dire les gens l'ouvrent grande
Deux fois de suite la voiture dans la nuit
L'espace se privatise agora en désuétude
Les pauvres peuvent se servir des restes
Mais la démocratie est surveillée partout
Sur le pavé luisant sur les murs nettoyés
Des publicités scintillent à l'arrêt un tag
Seul l'argent circule au fond des poches
Une batterie coûte environ quatre ou
Cinq cents francs et un démarrage
Fait autant de pollution que cinq tags
Les crépis sont comme des peaux lisses
Les tatouages n'identifient rien brûlent
L'illisibilité de ce jour et la nudité va
Depuis l'éternité qui vit à l'air libre
Les arbres se dépouillent et habillé je
Me couche sous les draps pour te sentir
Toucher c'est comme guérir un peu
L'amour je ne sais plus comment mais je
T'appelle et tu parles à la nuit qui te
Couvre à mon geste qui te cherche avec
Les caresses qui refusent les habitudes
Le train passe et l'air tremble comme
La lumière des feuilles qui restent
Ils les poussent avec de grands bruits
Les mangent pour des humus silencieux
Où pousseront les printemps et
Les étés et l'hiver vient tu as froid
Je mets le chauffage faute de quoi
Les livres à lire m'évitent les lectures
Et les écritures font croire aux restes
Des lectures mais les livres jaunissent
Ils apparaissent parfois dans un geste
Hier tu coupais ton doigt au long pli
D'un roman il me faudra attendre
Les prochaines vacances pour en lire
On rentre au cinéma silence religieux
On en sort sans rien voir et on entend
Le générique et les remerciements
Et les subventions ce qu'on voit des yeux
Alors est encore plus rapide vingt-quatre
Images seconde ou le réel me file entre
Les doigts tu m'as serré dans le noir
Comme le poème ces lignes le temps
Change les prévisions la météorologie
N'est pas une science exacte sauf quand
Les feuilles de ces jours les dernières
Font flammes de tout le vent aux volets
Je n'aime pas et j'aime le bruit craquent
Des métaphores sous la porte d'entrée
Il ne faudrait pas prendre le temps long
D'écrire ça ne se prévoit pas d'avance
Sur l'agenda je ne veux plus espérer
Attendre les vacances ou les beaux jours
Creux parmi les autres occupations et
Le poème qui se fait comme bientôt
Le reste de la vie en passant lentement
Le soleil éclaire le nord le noir au loin
Des nuages bas qui toujours encore
S'en vont reviennent sans nous sans toi
Et la porte claque comme les cris les jeux
Des enfants qui courent au bois sombre
Dans la cour de récréation tous au cœur
La peur aux trousses dans la lumière vive
Serge Ritman, À Jour avec des lavis de Ben-Ami Koller, éd. L’Amourier, 2000, p. 13-18.
Bio-bibliographie de Serge Ritman
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