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Anthologie permanente : Serge Ritman

Par Florence Trocmé

Tu dis la pluie ne s'arrête pas encore  
Et je réapprends à te faire fort l'amour  
C'est l'automne et les enfants dehors  
Crient ont-ils vieilli eux une année passe  
Jusqu'à ne plus entendre les oiseaux  
Qui se chamaillent au loin les bouleaux  
Et tout près je t'aime endormie en boule  
Au bord de l'autoroute sortie 12 je vois  
Que campent les romanichels du poème  
Ou sont-ils de Van Gogh en noir et blanc  
Au McDrive trop propre du rond-point  
Suivant je tourne autour de la réciprocité  
Et ne mange pas mon obole parce que  
Les jours sont devenus sombres allume 
 
Fermé la porte du commissariat a brûlé  
Le pain est seulement chaud je sors et  
La table est mise il est partagé émietté  
Saucé même dans la soupe à petit feu  
Du soir chaque soir les légumes verts  
Du marché la police ne circule pas sans  
Son mot à dire les gens l'ouvrent grande  
Deux fois de suite la voiture dans la nuit  
L'espace se privatise agora en désuétude  
Les pauvres peuvent se servir des restes  
Mais la démocratie est surveillée partout  
Sur le pavé luisant sur les murs nettoyés  
Des publicités scintillent à l'arrêt un tag  
Seul l'argent circule au fond des poches 
 
Une batterie coûte environ quatre ou  
Cinq cents francs et un démarrage  
Fait autant de pollution que cinq tags  
Les crépis sont comme des peaux lisses  
Les tatouages n'identifient rien brûlent  
L'illisibilité de ce jour et la nudité va  
Depuis l'éternité qui vit à l'air libre  
Les arbres se dépouillent et habillé je  
Me couche sous les draps pour te sentir  
Toucher c'est comme guérir un peu  
L'amour je ne sais plus comment mais je  
T'appelle et tu parles à la nuit qui te  
Couvre à mon geste qui te cherche avec  
Les caresses qui refusent les habitudes 
 
Le train passe et l'air tremble comme  
La lumière des feuilles qui restent  
Ils les poussent avec de grands bruits  
Les mangent pour des humus silencieux  
Où pousseront les printemps et  
Les étés et l'hiver vient tu as froid  
Je mets le chauffage faute de quoi  
Les livres à lire m'évitent les lectures  
Et les écritures font croire aux restes  
Des lectures mais les livres jaunissent  
Ils apparaissent parfois dans un geste  
Hier tu coupais ton doigt au long pli  
D'un roman il me faudra attendre  
Les prochaines vacances pour en lire 
 
On rentre au cinéma silence religieux  
On en sort sans rien voir et on entend  
Le générique et les remerciements  
Et les subventions ce qu'on voit des yeux  
Alors est encore plus rapide vingt-quatre  
Images seconde ou le réel me file entre  
Les doigts tu m'as serré dans le noir  
Comme le poème ces lignes le temps  
Change les prévisions la météorologie  
N'est pas une science exacte sauf quand  
Les feuilles de ces jours les dernières  
Font flammes de tout le vent aux volets  
Je n'aime pas et j'aime le bruit craquent  
Des métaphores sous la porte d'entrée 
 
Il ne faudrait pas prendre le temps long 
D'écrire ça ne se prévoit pas d'avance 
Sur l'agenda je ne veux plus espérer 
Attendre les vacances ou les beaux jours 
Creux parmi les autres occupations et 
Le poème qui se fait comme bientôt 
Le reste de la vie en passant lentement 
Le soleil éclaire le nord le noir au loin 
Des nuages bas qui toujours encore 
S'en vont reviennent sans nous sans toi 
Et la porte claque comme les cris les jeux 
Des enfants qui courent au bois sombre 
Dans la cour de récréation tous au cœur 
La peur aux trousses dans la lumière vive 
 
Serge Ritman, À Jour avec des lavis de Ben-Ami Koller, éd. L’Amourier, 2000, p. 13-18. 
 
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