La ministre de l'enseignement supérieur et de la recherche a réagi aux critiques des présidents d'universités sur l'évolution de leurs
budgets en disant qu' “il est indécent de la part des universités de se plaindre". Une fois de plus, Valérie Pécresse a brandi des chiffres d'augmentation des budgets depuis 2007 pour tenter de
faire croire que les universités seraient bien portantes aujourd'hui. Ce n'est pourtant pas le cas : les augmentations sont en grande partie dues à des manipulations budgétaires, et surtout le
passage aux "responsabilités et compétences élargies" des universités a entraîné des coûts très importants pour les universités.
Quoiqu'elle dise, Valérie Pécresse aura du mal à convaincre un étudiant d'université que sa situation a progressé depuis
2007 : nous avons toujours un encadrement pédagogique très insuffisant, faute de moyens humains. En euros constants, les crédits budgétaires de l'enseignement supérieur et de la recherche ont
stagné depuis 2007, une fois les manipulations budgétaires mises à l'écart.
Mais Valérie Pécresse est allée encore plus loin dans l'indécence, en comparant la situation française à celle du
Royaume-Uni ou de l'Allemagne, qui serait moins favorable. C'est faire semblant d'oublier que dans ces pays, la dépense par étudiant à l'université est bien plus forte qu'en France. L'objectif
prioritaire du gouvernement devrait être de réduire l'écart, en augmentant réellement les dépenses pour les étudiants des universités françaises, qui sont très insuffisantes dans notre
pays.
Au lieu d'essayer de masquer la réalité, il faut dire la vérité sur les moyens réels des universités françaises et engager
d'urgence de nouveaux moyens, humains et matériels, pour développer celles-ci et réduire l'échec des étudiants en premier cycle universitaire. Les annonces sur le grand emprunt, qui promettent
toujours pour plus tard ce que le gouvernement refuse de donner aujourd'hui, ne peuvent être une réponse à la crise dont les présidents d'université se font l'écho.
Bertrand Monthubert