Si j'avais du me fier à ce qu'annonçaient les critiques, j'aurai du m'attendre à trouver un album plein "d'inspirations complexes", de "félicité mélancolique" ou de "luxuriance créatrice",
seulement voilà, il n'en est rien. Plus proche de l'anémie générale que de la joyeuserie vivace, "All We Grow" n'a pas ces qualités escomptées et ne fera pas longue date dans ma mémoire (le temps
d'écrire cette chronique). Les constructions sont simples et l'ambiance générale intimiste, là-dessus nous sommes d'accord et personne ne pourra dire le contraire. Reste que le contenu est bien
plat et ne mérite pas, à mon avis, tous ces éloges plutôt mal venus qui sont loin de refléter la réalité de cet album. C'est simple, je n'en retiens rien et je pense que même après l'avoir écouté
des dizaines de fois le constat resterait le même. Il ne contient aucune accroche susceptible de retenir l'attention de l'auditeur et a sur moi un effet soporifique immédiat. Si je voulais
vraiment être franc, je dirai qu'il ressemble un peu à ces musiques d'ambiance que l'on retrouve dans certains magasins "verts" vendues sous l'appellation "zen" ("Rothko Fields"). L'essentiel de
ce disque tient dans une atmosphère onirique à l'introspection mélancolique, mais manque vraiment de contraste dans son écriture et dans sa réalisation, si bien que tout est uniforme et monotone.
Tout se ressemble sans forcément très bien s'assembler, des voix aux instrumentations, pour un rendu souvent creux où les très belles harmonies de Sean ne suffisent pas à éclairer cette oeuvre
("Mothers", "Broken"). Les constructions sont bancales et assez déroutantes ("Action", "In The Stream"), au point de nous faire perdre le fil de l'histoire et de ne plus nous permettre de
discerner un couplet d'un refrain. L'absence de rythmique sur la quasi totalité des morceaux rend les arrangements très pauvres malgré l'ajout parcimonieux de flûte, de vibraphone ou de violons,
qui ne permettent pas de réelles envolées émotionnelles ("We Fell"). L'articulation s'organise toujours entre une mélodie de piano ou de guitare relativement pauvre à laquelle s'ajoutent de
larges reverbes aux intentions purement enrichissantes, comblant ainsi le manque de volume général de son ampleur artificielle.
Peu enclin à enjoliver des disques pour lesquels je ne ressens pas de réels enthousiasme (je ne vous balance pas un dossier de presse poli et lustré), et contrairement à ce que j'ai déjà pu lire
concernant "All We Grow", je vous livre ici ma version des faits de manière sincère sans chercher la moindre complaisance verbale ou artistique. Croyez bien que je suis le premier déçu de mon
achat sans doute un peu hâtif et que j'aurai préféré pouvoir en dire plus de bien s'il m'avait par moments vraiment convaincu. Je vous laisse maintenant vous faire votre avis sur la question en
espérant que vous y trouverez plus de raisons que moi de l'apprécier.
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