Les Égyptiens ne veulent plus de Moubarak

Publié le 27 janvier 2011 par Mcetv

Las de leurs conditions de vie, et sans doute motivés par la démission du président tunisien, les Égyptiens font savoir qu’ils ne veulent plus d’Hosni Moubarak

70 blessés et 4 morts au compteur

Chômage, pauvreté, corruption et répression constituent, comme en Tunisie, les clés de la révolte qui agite l’Égypte depuis le début de la semaine. Malgré l’interdiction officielle de manifester, en vertu de la loi d’urgence qui donne les pleins pouvoirs à l’armée et à la police depuis l’assassinat d’Anouar El Sadate en 1981, les Égyptiens sont dans la rue. Mardi, ils étaient 15 000 sur la place centrale du Caire. Ils furent dispersés par la police au moyen de canons à eau et gaz lacrymogènes. À Suez, 70 personnes ont été blessées, et quatre personnes ont trouvé la mort. Aujourd’hui, pour la troisième journée consécutive, des manifestations sont prévues dans plusieurs villes du pays.

« Il faut en finir avec ce régime »

Des étudiants égyptiens ont confié leurs doutes et leurs espoirs au quotidien Ouest-France : « C’était la première fois que je participais à une manifestation. J’avais très peur, surtout quand ils ont commencé à lancer les bombes lacrymogènes » raconte Omar, 20 ans, comme ses trois amis. « Mais je n’ai pas eu du tout envie de quitter la place Tahrir. Il faut en finir avec ce régime ». Mostafa, un étudiant ingénieur de 20 ans, témoigne quant à lui dans le journal La Croix : « Je ne pense pas que ce qui est arrivé en Tunisie se reproduise en Égypte : les Tunisiens sont moins pauvres, plus éduqués, ils connaissent leurs droits. Et puis l’armée contrôle vraiment les choses ici ». En revanche, la révolte n’est selon lui pas anodine : « C’est le début d’un changement de système, qui se produira dans un mois ou dans un an, mais qui finira bien par arriver », affirme l’étudiant.

Actifs sur la Toile malgré la censure

Sur Facebook et Twitter, les jeunes égyptiens organisent leurs rassemblements. Sur Facebook, près de 90 000 personnes s’étaient inscrites à l’appel à manifester lancé par le « Mouvement du 6 avril ». « Les réseaux sociaux ont été des outils pour relayer la révolte populaire et donner des informations en temps réel », rapporte au Nouvelobs.com un Français vivant au Caire. Des cyberactions qui semblent effrayer le gouvernement. Celui-ci a cédé à la censure : il a bloqué Twitter puis Facebook. Certains sites d’informations en ligne ont également été censurés, et mardi, selon une source du Nouvelobs.com, « les forces de l’ordre ont installé dans le secteur de la place Tahrir [centre du Caire] des dispositifs de brouillage GSM permettant de censurer les appels et les SMS ». Certains groupes d’internautes, comme les Anonymous, proposent des outils en ligne pour « contourner la censure ».

Un remake de Tiananmen

Un étudiant égyptien s’est placé seul devant un canon à durant une manifestation mardi, sur l’avenue Kasr el-Aini. Filmé par des habitants du quartier, l’étudiant est devenu le symbole de la révolte égyptienne, à l’image du célèbre étudiant de Tiananmen qui s’était dressé seul face à un tank lors des révolutions à Pékin en 1989.

Lauren Clerc


Photo CC @Ouest-France