Une ville au bout du pont
Cet article est dédicacé à Rodolphe, montluçonnais... et fier de l'être !
Si le canal de Berry a fixé l'implantation des grands ensembles industriels de Montluçon le long de ses quais, il est également à l'origine d'un nouveau quartier : la Ville-Gozet.
Le quartier de la Ville-Gozet, né de l'industrialisation de Montluçon au milieu du XIXè siècle, est une véritable ville nouvelle qui va très rapidement prendre essor et se juxtaposer à la vieille vile, séparée toutefois par le Cher, les deux villes n'étant reliées que par l'actuel pont Saint-Pierre, un point de passage très ancien autrefois appelé le Grand Pont.
Avant que Montluçon ne passe à l'ère de l'industrie, les quelques maisons construites sur la rive gauche du Cher appartenaient à la zone rurale de la commune de Montluçon et elles étaient désignées comme le Bout du Pont, du nom du domaine qui existait à proximité, près de l'actuelle place des Trois Ayards ( ancienne place des Nicauds ). Dans les décennies suivantes, alors que se construisaient toujours plus nombreux les immeubles au bord du canal, les autorités municipales adoptèrent l'appellation quartier d'Outre-Cher.
C'est vers le milieu du XIXè siècle que les Montluçonnais baptisèrent ce nouveau quartier, La Ville-Gozet, autrement dit, la ville à Gozet. La municipalité officialisa cette appellation dix ans après la mort du personnage qui avait lui laissé son nom.
Qui était donc ce Gozet ?
Les historiens locaux rapportent que Gozet était un tailleur d'habits qui, le premier, avait établi son échoppe au Bout du Pont, avant l'ouverture à la circulation de la route de Tours en 1840. Peu après, il déplaça son domicile et son commerce à un kilomètre du pont Saint-Pierre, sur cette nouvelle route, à proximité de l'endroit où elle traversait le marais de Blanzat que l'on entreprenait à peine d'assécher.
Qu'est-ce que la Ville-Gozet ?
Pour les Montluçnnais de cette fin du XXè siècle, la Ville-Gozet est le quartier commerçant de la rive gauche qui s'étale de part et d'autre de l'avenue de la République. Pour l'administration municipale, la Ville-Gozet n'est autre que l'un des vingt quartiers de la ville, délimité à l'ouest et au nord par la ligne de chemin de fer de Paris, au sud par le Cher et à l'est par les anciens quais du canal.
Deux grandes artères traversent la Ville-Gozet : la plus ancienne, à gauche en sortant du pont Saint-Pierre est la route de Limoges : la rue Paul Constans, ancienne rue des Nicauds. La plus récente, dans le prolongement du pont Saint-Pierre, est la route de Tours ouverte en 1840, devenue en 1882, rue de la République puis avenue de la République.
Dès 1860, la Ville-Gozet est un ensemble fort bien délimité par la ligne de chemin de fer de Paris, les quais du canal et les quais du Cher. Le quartier d'Outre-Cher s'est développé autour de deux noyaux : le domaine du Bout du Pont et celui de Brevelle, dans la plaine inondée par le Cher, marécageuse et mal drainée par le ruisseau des Etourneaux. Celui-ci descendait de Sault-Prémilhat, passait au pied du château de Bien-Assis, traversait le Champ du Riau puis les prairies du domaine de Brevelle avant de se jeter dans le Cher en aval du village de Blanzat.
Le cours d'eau de ce ruisseau fut dévié à deux reprises dans la première moitié du XXè siècle : tout d'abord, lorsque l'on entreprit le creusement du canal qui coupait son cours puis, quant fut ouverte la nouvelle route de Tours.
Ainsi, les tribulations du ruisseau des Etourneaux et l'ouverture de la route de Tours ont-ils déterminés les lignes directrices de la Ville-Gozet.