Je me félicite pourtant d’avoir été frappée par un éclair de lucidité il y a quelques semaines et de m'être plongée dans la lecture de Purge, prix fémina étranger 2010.
Purge, c’est avant tout l’histoire de deux femmes amenées à cohabiter pendant quelques jours.
L’une, Zara, a fuit sa ville de Vladivostock peu après la chute de l’URSS pour l’Allemagne dans l’espoir de gagner de l’argent. C’est finalement dans les mains de Pacha, proxénète de son état, qu’elle tombera.
L’autre, Aliide, est une femme âgée vivant en Estonie. Etant plus jeune, elle a été accusée d’avoir collaboré avec les ennemis du communisme. Violée et humiliée, elle n’aura de cesse de racheter ce comportement en se mariant avec un communiste d’abord, puis en dénonçant sa sœur, mariée à un opposant au régime.
Nous sommes en 1992 quand Zara réussit à échapper à l’attention de son souteneur. Elle atterri en pleine nuit dans le jardin d’Aliide, effrayée de se trouver en présence d’une voleuse. Zara réussira finalement à convaincre la vieille femme de lui offrir sa protection de l’héberger quelques jours et de l’aider à préparer sa fuite.
Ce livre est en fait une succession d’allers retours entre le présent et la passé de ces deux femmes. Il y est question de jalousie entre sœurs, d’amour, d’un secret de famille (peut-être) mais aussi des abominations qui ont ponctué le régime soviétique. Car Purge c’est aussi une formidable manière de découvrir l’histoire de l’Estonie et la rudesse de la vie sous le régime soviétique notamment pour les femmes…
Il paraît d’ailleurs qu'en finnois, la langue de l'auteure, le mot n’a pas la même signification qu’en français. Sofi Oksanen explique d’ailleurs que "Puhdistus, c'est tout ce qui est lié à l'action de nettoyer Nettoyer, laver, épurer, désinfecter... mais aussi purifier ethniquement, purger au sens de Staline...".
Je n’aime pas les histoires d’amour, de conflits de famille en règle générale. J’ai pourtant été totalement conquise par l’histoire de ce livre, emmenée par l’écriture de Sofi Oksanen, fluide et si efficace à transmettre une émotion et à retranscrire l’atmosphère confinée qui règne tout le long du livre.
Nancy Huston a dit que « Si l'on devait n'en lire qu'un cette année, ce serait celui-là ». Je suis parfaitement d’accord… Purge de Sofi OksanenPublié chez Stock408 pages * Coup de coeur 2011*