La foire du meuble de Cologne, c’est beaucoup de halls (12), un nombre hallucinant de stands et des produits pour tous les goûts possibles (oui, oui, j’ai bien dit tous les goûts possibles). Au milieu de cet océan de bon (et de moins bon) goût, les visiteurs ont eu la chance de découvrir un stand regroupant un véritable concentré de bonnes idées tenus par un groupe de jeunes designers… belges! Eh oui, aujourd’hui, nous allons être un peu chauvin parce que ça fait toujours du bien et que ça n’arrive pas souvent.
Le stand 101% designed, c’est le nom de l’association qui rassemble ces jeunes talents, se trouvait donc au sous-sol du hall 2 dédié aux créateurs et le moins que l’on puisse dire, c’est que les belges ne sont pas passés inaperçus et n’ont pas fait figure d’amateur, loin de là! Portraits de ces jeunes designers très prometteurs…
Michaël Bihain
Michaël, c’est un peu le premier de classe et pour cause: Nomination au design report Milan 2007, Lauréat du concours international ParckDesign, coups de coeur design Gael Maison et Figaro Magasine, exposition de Oyon et Cocofruit au design museum de Séoul et la liste est encore longue.Et pourtant, on ne peut pas dire que sa formation de base le prédestinait à une “carrière” dans le design, puisque son premier diplôme est celui de boucher. Suivront alors une formation de menuisier, puis architecte d’intérieur avant de fonder le Studio BihainProd à Londres.
Depuis, il travaille avec divers éditeurs de mobiliers (Swedese, Oboe, Aqus…) et conçoit des aménagements d’intérieurs. Michaël Bihain autoédite certains de ses produits, tel que le banc “Ondine”. Parallèlement, il enseigne à l’Institut St Luc Liège. Régulièrement, des expositions internationales reprennent ses travaux. Le Design Museum de Séoul a acquis certaines de ses créations pour sa collection permanente.
“Les conceptions de Michaël sont le point de convergence entre nos nouveaux modes de vie et la mémoire collective. Elles se caractérisent par l’évidence des lignes et l’autonomie du produit.” (source: 101% Design)
Côté produit, nos coups de coeur vont pour la chaise Mosquito, quasiment incontournable ces derniers mois dans la presse spécialisée ainsi que l’étagère Let’s dance et le banc Ondine.
Son site Internet: www.bihain.com
Atelier BLINK - Emilie Lecouturier et Céline Poncelet
Emilie et Céline, c’est un peu un mélange de fraîcheur et d’insolence mais toujours avec une recherche évidente d’esthétique que l’on retrouve dans toutes leurs créations. Par exemple avec le fameux papier peint “rendez-vous” (illustrant de manière discrète les positions du Kama Sutra au milieu d’arabesques) où, au premier regard, on hésite entre un bon “Oh shocking!” et un “Excellente idée!”. Ce qui, j’en suis presque sûr, est le but recherché et visiblement… ça marche! J’en veux pour preuve la réaction de visiteurs lorsqu’ils découvrent les détails du papier peint.Leur parcours est un rien plus classique que Michaël puisqu’elle sont issues toutes les deux d’une formation en design/architecture à l’issue de laquelle, elle ont créé leur bureau en 2006 à Bruxelles avec pour objectif de “penser différemment ce qui existe et de proposer des choses inattendues, que l’on ne discerne pas toujours au premier regard”(source: Atelier BLINK)… Tiens donc ;-)
Notre coup de coeur, c’est évidemment le papier peint rendez-vous qui se décline aussi (et c’est un excellent dérivé du concept) en vêtements de nuit “Oh Shocking!” pour homme et pour damme. Une mention aussi pour l’Octopus, sorte de pouf pieuvre très original qui se positionne dans la lignée des poufs comme les fatboy.
Leur site: www.atelierblink.com
Raphaël Charles
Ce qui est bien avec le recyclage, ce que l’on fait du nouveau avec du vieux mais ce qui est moins bien, c’est que ce nouveau n’est pas toujours mieux que le vieux… Vous me suivez? Non? Ce n’est pas grave… L’important, c’est que Raphaël Charles, lui, a parfaitement compris le problème et, surtout, a réussi à le contourner grâce à une approche des matériaux et des objets particulièrement intéressante. Prenez une bobine de film de 35mm qui étaient destinées à la poubelle, extrudez-la, coulez de la résine à l’intérieur et vous obtiendrez un vase parfaitement en phase avec les tendances actuelles.En partant des objets qui nous entourent et qui, bien souvent, sont destinés à ne plus être utiliser, il réussit à les travailler de tel sorte qu’ils acquièrent une nouvelle fonction sans pour autant changer leur forme initiale. Ce garçon, dont la passion pour les matériaux et leur utilisation remonte à l’enfance, est donc un belle preuve que le recyclage peut produire de très belles choses.
Notre coup de coeur va aux vases cheminées réalisés en pellicule 35mm et qui donnent presque envie de démouler la bobine pour découvrir le film qui y est imprimé. On aime beaucoup aussi la Ring R+ qui, une fois posée sur son présentoir donne l’impression que le temps est comme suspendu.
Son site: www.raphaelcharles.com
Dust deluxe
Dust Deluxe, c’est tout d’abord deux belges: Damien Gernay et Jeremy Vanneste. Ils ont fondé leur studio en 2006 sous le nom Dustdeluxe avec comme objectif de proposer: “un espace de convergence transdisciplinaire susceptible d’évoluer, de s’adapter en fonction de la demande. Notre approche du design se caractérise par un regard sensible sur le monde qui nous entoure. Nous tentons de retranscrire dans les trois dimensions un univers de perception ; le toucher devient volume, le visuel devient couleur, une fréquence sonore devient une forme. La matière possède son propre champ lexical, nous essayons de composer avec, de créer notre propre langage, basé sur des appositions, des superpositions, des confrontations de matériaux. L’objet prend alors un sens, il évoque, sous-entend ou questionne. Unique, ou multiple son propos est cohérent.” (Source: Dust Deluxe)Notre coup de coeur va à Playtime, un système d’étagères modulaires minimalistes en multiplex assemblées grâce à des éléments en Acier laqué qui permettent de créer des formes inédites qui trouveront leur place dans la plupart des intérieurs actuels.
Leur site: www.dustdeluxe.com
Pauline Gorelov
Pauline Gorelov, c’est un petit bout de femme plein de bonne humeur et d’énergie. A cologne, elle présentait une création de “papier peint” vynile à découper et à assembler pour créer une forme presque liquide dont les courbes et les dessins se croisent, se mélangent et donnent à chaque assemblage un look unique.
Mais, à côté de ce genre de projet, Pauline est aussi (et avant tout?) un designer textile qui a envie d’apporter des réponses, trouver des solutions. Un peu comme à la manière d’un scientifique en herbe, elle explore les systèmes à la recherche de concepts novateurs, pour voir naître des structures surprenantes ou des réseaux de sens inattendus. Passionnée par le motif et sa répétition à l’infini, elle s’intéresse à la musique des couleurs et des rythmes, à l’interaction du dessin avec son support. Elle créée aussi dans le textile des pièces où cette recherche des motifs est très présente également.
Après ce tour d’horizon qui ne se veut ni exhaustif ni objectif, je pense qu’on est en droit de penser que le design belge a de beaux jours devant lui tant qu’il y a aura des créateurs comme ceux que nous avons rencontrés à Cologne pour proposer une vision à la fois rationnelle et originale du design.
On va bien sûr ne pas les perdre de vue parce qu’il y a de fortes chances qu’ils ne s’arrêtent pas en si bon chemin et qu’ils trouvent d’autres excellentes raisons de faire parler d’eux dans les mois et les années qui viennent.
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