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Prévisions sur ce qui va se passer sur le gaz de schiste

Publié le 27 janvier 2011 par Ecosapiens

Prévisions sur ce qui va se passer sur le gaz de schisteC’est le nouveau combat.

Oui je sais, sur bien d’autres fronts, les tranchées sont encore ouvertes : OGM, nucléaire, pesticides, huile de palme, poissons, etc… Sans compter toutes les batailles locales : l’aéroport de Notre-Dame des Landes, le loup dans les Alpes, l’ours dans les Pyrénées, l’incinérateur de Fos, l’EPR et le centre d’enfouissage, le projet ITER…

Alors quand l’ennemi fait diversion, est-ce vraiment judicieux d’entamer une nouvelle ligne ? Tout bon tacticien sait qu’il vaut mieux concentrer ses forces pour mieux écraser, l’une après l’autre, les armées essaimées par l’adversaire.

« Bataille» , « combat» , « front» , « tranchée» , « ennemi» , « armée» . Le langage martial est-il bien judicieux lorsque l’on parle d’environnement ? En recourant, plus ou moins inconsciemment, au vocabulaire militaire, ne sommes-nous pas en train de diaboliser celles et ceux qui ne font que leur boulot ? Et surtout, ne risquons-nous pas de passer pour des fanatiques ?

J’ai employé à bon escient la métaphore guerrière pour rappeler un fait bête et méchant. Mais comme c’est dans l’ère du temps, mieux vaut être clair et net.

Plusieurs évènements tendent en effet à laisser accroire que le terrorisme écologiste existe.

On connaît la chansonnette : après Al Qaïda, l’écolo serait la deuxième menace terroriste en ce monde. On tremble !

Mettons donc les points sur les i : personne n’a jamais été tué par un écologiste. Que l’écologie soit une menace (pour l’ordre établi, la cupidité des intérêts privés, etc) c’est certain. Que certains mouvements écologistes, formels ou informels, aient déjà dégradé ou détruit des bâtiments oui aussi. Dans le jargon, on dit plutôt « neutraliser» …

Alors on se braque sur les mouvements de libération animale qui menacent les laboratoires d’expérimentation.

L’écrivaillon et diplomate Jean-Christophe Rufin avait d’ailleurs commis un roman à ce sujet. Le plus inquiétant est que l’académicien confondait sa fiction avec la réalité. Déballant toutes ses inepties à la télévision, c’est finalement Michel Polac qui lui répond (cf cet extrait, à 5min 54sec) que bon, l’écologie profonde, c’est plutôt petit et pas très grave par rapport à, par exemple, les anti-avortements américains.

Prévisions sur ce qui va se passer sur le gaz de schiste
Et Polac ajoute nonchalamment:

« Mais bon, les écolos n’ont pas commis de crimes comme les fondamentalistes.» 

Et Rufin de rétorquer

»  – Bien sûr que si ! Les écologistes radicaux tuent !» 

Là le lecteur attentif que je suis cherche donc le fait qui étaiera un tel propos. Le voici ! Des membres du FLA qui vont traire les vaches au Kosovo sous les bombes. Je n’invente rien. Rufin, quand on lui demande les crimes qui démontrent que les écologistes sont dangereux, ils invoquent deux trois péquins partis traire les vaches au risque de  leur vie.

L’Académie est pleine de gens irremplaçables…

Fin de cette parenthèse sur la prétendue dangerosité d’un mouvement qui d’ailleurs devrait plutôt déplorer sa non-violence au point d’avoir subi les bavures de l’armée ou des renseignements généraux.

Ah non encore autre chose ! Vous avez lu cette histoire de l’infiltré des services secrets anglais qui non seulement n’a pas trouvé que les écolos radicaux étaient des tueurs potentiels, mais surtout a fini par embrasser la cause environnementale. On rêve d’une situation inversée où un écolo infiltrerait nos services secrets… et leur retournerait le cerveau.

Alors pourquoi aujourd’hui les gaz de schiste ?

Prévisions sur ce qui va se passer sur le gaz de schiste
A vrai dire, quand on est submergé chaque jour par les mauvaises nouvelles, on finit par se forger une sorte de carapace qui devient fort commode pour ne plus rien faire. Tout est perdu alors à quoi bon lutter. Mais avec les gaz de schiste, je ne sais pourquoi, je reprends espoir. Ce n’est pas « nouveau»  et il n’y a donc pas besoin de débalterer scientifiquement. Cf débat sur le nucléaire, les OGM ou les nanos où, à chaque fois, on tombe dans le débat d’expert, qui ne fait que contourner le véritable problème.

Là il s’agit de gaz. Celui qu’on connaît. Certes, la méthode d’extraction est nouvelle. Et on peut effectivement vouloir débattre des aspects techniques. Est-ce sans danger ? La réponse est non bien évidemment. N’en déplaise aux gaziers américains qui viennent de publier un communiqué s’indignant de la nomination du documentaire Gasland aux Oscars. Et maintenant les stars canadiennes qui réalisent un clip contre le gaz de schiste au Québec. En France, ce sont les communes concernées par les permis d’exploration qui se soulèvent.

Bref, ca ne sent pas bon et les géants du gaz l’ont compris. Alors, il faut plier le débat. Et ne pas rentrer dans l’argumentaire technique. Juste dire que si l’on en vient à prospecter ce gaz, c’est donc que le gaz conventionnel s’épuise. Et de se demander, une fois le gaz de schiste épuisé, que restera-t-il ? Et donc de démontrer que ce n’est qu’une fuite (de gaz !) en avant.

Chaque jour, 1000 personnes signent la pétition en ligne lancée par Bové et Nicolino. Ce n’est pas grand chose mais c’est le préambule avant le face à face. Politique d’abord. On vainc l’ennemi d’autant plus facilement qu’il n’a même pas commencé à mettre le pied dans la porte.

Cette bataille est gagnable aisément.

Il ne tient qu’à nous de prendre les devants.

PS: Vive le Québec libre !


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