Comme sur la façade sud, l’ensemble de deux escaliers en quart de cercle permet un double accès au perron. Héritage de l’époque classique, ces doubles escaliers qu’on pouvait parfois monter et descendre à cheval étaient très prisés au XVIIIème siècle et les résidences campagnardes autour de Bordeaux, souvent construites sur un premier niveau de chais, en sont fréquemment agrémentées.
Dans un registre beaucoup plus auguste, l’exemple le plus célèbre demeure l’escalier du Château de Fontainebleau, situé au centre de l’aile orientale de la cour du Cheval Blanc, et qui est venu prendre la place d’un premier escalier de forme comparable, construit sur les plans de Philibert Delorme, architecte d’Henri II, vers 1558. Ce Cheval Blanc, était-ce celui d’Henri IV ou déjà celui de Saint-Emilion? Que nenni. Catherine de Médicis, la veuve d’Henri II, voulut faire ériger une statue face à cet escalier en hommage à son défunt mari. Elle réutilisa le moulage en plâtre réalisé à la demande de François Ier, son beau-père, du cheval de Marc-Aurèle, sans cavalier, installé sur le Capitole, à Rome. Le temps manqua à Catherine pour faire achever la statue et couler le bronze mais le nom resta. C’est au bas de ce même escalier qu’en 1814, Napoléon fait des adieux bouleversants à la vieille garde avant de partie en exil: « … je pars. Vous, mes amis, continuez de servir la France. Son bonheur était mon unique pensée. Il sera toujours l’objet de mes vœux! Ne plaignez pas mon sort. Si j’ai consenti à me survivre, c’est pour servir encore à notre gloire. Je veux écrire les grandes choses que nous avons faites ensemble! Adieu, mes enfants! Je voudrais vous presser tous sur mon cœur. Que j’embrasse au moins votre drapeau! Adieu encore une fois, mes vieux compagnons! Que ce dernier baiser passe dans vos cœurs! »Point d’adieux solennels au pied de nos escaliers. La contemplation du ciel, toujours changeant sur la rivière, les longues et chaudes soirées d’été, qui nimbent les pierres de leur lumière chaude, suffisent à notre bonheur. De la terrasse, le regard porte loin, jusqu’aux collines de Fronsac au levant, jusqu’au joli petit port d’Asques au couchant. Est-ce la beauté du point de vue qui les inspire mais les enfants s’amusent parfois à nous surprendre en y dressant des tables de contes de fées, naïves et romantiques à souhait.