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Comment l’on monétise aujourd’hui le contenant et non plus le contenu…(?)
On le sait, la situation économique de la presse, qu’elle soit papier ou online, est précaire. Avec Internet et l’ogre Google, nous sommes passés à l’ère de l’abondance. Il suffit de taper un mot dans le moteur de recherche et nous nous retrouvons avec de multiples occurrences, certes de différentes qualités. L’économie de l’attention et celle de la recommandation ont fortement bousculé les hiérarchies et laissés (les grands) médias face aux murs de la gratuité.
La valeur ajoutée dans la présentation de l’information.
Aujourd’hui, la valeur se déplace des contenus vers l’attention que les individus sont susceptibles d’y porter, compte tenu du temps limité dont ils disposent et de la masse d’informations qu’ils ingurgitent chaque jour. La valeur ajoutée dans le domaine de l’information se déplace donc vers les interfaces, mettant en valeur et permettant d’enrichir le contenu et son usage : c’est à dire vers le contenant et la stratégie de diffusion. (je vous invite à consulter le site OWNI et QWIKI, de vraies nouvelles expériences d’information. )
La métaphore de l’horloger de Nicolas Voisin
- Avez-vous déjà payé pour l’heure ?
Nicolas Voisin, fondateur d’OWNI, est revenu sur l’économie de l’information, en posant cette question : « avez-vous déjà acheté de l’heure ». S’appuyant sur la métaphore de l’horloger, il démontre de façon très convaincante en quoi ce qui devient important et ce pourquoi l’on paye n’est pas tant le contenu, qu’il s’agisse de l’heure ou de l’information, mais le contenant, ce qui va mettre en scène l’information ou l’heure, la mise en forme des données autant que la montre. Voici sa démonstration, qui retranscrit très bien sa vision.
» Vous avez acheté une montre ? Cet achat ne s’est pas fait au prix de l’heure mais à la valeur que vous donnez librement à son contenant, à « l’objet montre ». et pour cause, l’heure est abondante, standardisée, « gratuite ». Nous sommes concepteurs, designers, fabricants et distributeurs de « montres ». Horlogers de l’information. L’application et l’interface à valeur ajoutée peuvent apporter à l’économie des médias ce que l’horlogerie a su créer de richesse en donnant un accès privilégié à l’heure, une information chaque jour plus abondante et nécessaire « .
Qu’est-ce que cela implique dans le domaine artistique et culturel ? Les intermédiaires vont-ils disparaître ?
Je ne pense pas…
Pourquoi cela ? Parce que le rôle des intermédiaires est loin d’être compromis, il est illusoire de croire que le public pourra entrer directement en contact avec les créateurs lorsque les œuvres foisonnent…
C’est là qu’interviennent de nouveau, les intermédiaires, ils doivent se poser à l’ère des réseaux sociaux comme médiateur entre les créateurs et le public. Les producteurs n’ont quasiment plus ce rôle de « filtrer » la création en amont, j’en veux pour preuve également l’éclosion de Grégoire grâce au label participatif de MyMajorcompany.com. Ils n’offrent plus le sésame, ce statut d’artiste.
Focus sur les éditions Kitsuné, qui ont réussi à prendre très tôt ce virage nécessaire, pour devenir une référence de ces intermédiaires d’un genre nouveau…
Ainsi si des intermédiaires sont encore nécessaires, c’est donc pour mettre en place une stratégie de communication, presque de « branding » autour de l’artiste, créer des évènements, de la valeur ajoutée pour permettre aux artistes de se rendre visibles parmi la profusion d’images auto-produites. L’objectif ne sera plus de vendre, mais de faire émerger des communautés sur les réseaux. L’exemple du label Kitsuné est intéressant pour mettre en perspective cette nouvelle dimension des labels. Depuis 2001, en plus d’être un label musical indépendant, Kitsuné a diversifié ses activités (création d’une ligne de vêtements, organisation d’évènements). L’éditeur assure aussi la promotion en ligne des artistes qu’il soutient auprès des communautés musicales sur les réseaux sociaux, comme Myspace. Le profil Myspace de Kitsuné regroupe plus de 80 000 fans, formant un vivier considérable, auprès duquel des actions de médiation peuvent être lancées à une large échelle. Ne l’oublions pas la création de communautés n’est pas une fin en soit, comme dans tout modèle, l’important est tout de même de générer des rémunérations. Mais la copie n’est plus le nerf de la guerre, n’est quasiment plus une source de revenu, évidemment de la musique sur support pourra toujours être vendu (comme des vinyles par exemple, qui offrent une vraie valeur ajoutée, d’où son retour d’ailleurs). On peut même dire que le modèle de financement n’a plus besoin de la propriété intellectuelle pour fonctionner, que l’achat de copie sur CD ou vinyle est un acte volontaire de soutien ou d’appartenance.
A l’ère de l’abondance et de la recommandation, l’intermédiaire a même intérêt à ce que l’œuvre puisse circuler librement, pour évidemment agrandir la communauté et propager la musique.