« Chaque polémique autour de l'antisémitisme de Céline repose la même question: peut-on être un grand écrivain et un parfait salaud ?
» Personnellement, je ne trouve pas du tout que ce soit une énigme. On peut être n'importe quoi et un parfait salaud en même temps. Voulez-vous dire que vous ne lirez plus jamais un auteur qui a déjà pogné le cul d'un petit garçon, qui a déjà fait le salut hitlérien, qui a approuvé les goulags de Staline, qui a battu sa femme ? Alors vous ne lirez plus Aragon, Sartre, Cioran, Gide, Tolstoï ? Qui allez-vous lire ? Sollers le maoïste ?
» Lisez Céline. Pour le texte et pour la musique. Ne lisez pas que Voyage au bout de la nuit et Mort à crédit. Lisez le sublime début D'un château l'autre. Lisez Guignol's band; lisez le dernier, Féerie pour une autre fois. Ne lisez pas Bagatelles pour un massacre, c'est là-dedans qu'il est honteusement antisémite, mais moi je vais quand même vous lire un passage de Bagatelles, parce que c'est aussi dans Bagatelles, écrit avant 1940, qu'il annonce les téléréalités des années 2000 dans ces quelques lignes prophétiques..." Comment le plus infime crétin, le canard le plus rebutant, la plus désespérante donzelle peuvent-ils se muer en dieux et déesses? Recueillir plus d'âmes en un jour que Jésus-Christ en 2000 ans? C'est que la foule à genoux a le goût du faux, de l'or et de la merde, plus insignifiante est l'idole plus elle a de chances de conquérir le cœur de la foule..."» Foule, tu peux bien haïr Louis-Ferdinand. Sache qu'il te hait aussi, depuis longtemps. »
Querelle en France sur la commémoration du cinquantenaire de la mort de Louis-Ferdinand CÉLINE. Pierre FOGLIA commente dans La Presse d'aujourd'hui (27 janvier). Je me permets de citer un large extrait :