Le sémillant ministre de l’Education Luc Chatel veut réinventer l’apprentissage de l’anglais. Il souhaite que celui-ci soit développé dès l’âge de trois ans.
La décision du ministre part d’un constat simple : à 3 ans la plupart des enfants sont incapables d’aligner 3 mots d’anglais et sont toujours infoutus de comprendre les règles du present perfect. Quand on leur parle de « Leverage Buy Out » la plupart d’entre eux marquent au mieux un désintérêt poli tout en essayant de ronger le premier truc qui leur passe à portée de main et qui n’a pas été bouffé par le chien (généralement plus rapide).
La faute à n’en pas douter à l’école qui n’a pas su préserver : les valeurs républicaines, la victoire en chantant, la fierté nationale, la cellule familiale, le respect du prêtre avant celui de l’instituteur, la foi en l’avenir, le goût de l’effort, le bon sens paysan, les mathématiques pas moderne, les blouses en nylon, le plein emploi, la paix dans les banlieues et la baguette à 90 cts (entre autres).
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"> - Luc Chatel
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L’école est pourtant un sujet sérieux car elle doit préparer à l’horizon indépassable de toute existence humaine : la « vie en entreprise »®. Il faut donc cesser de ne voir dans les petites têtes blondes que de vagues homoncules brailleurs non productifs tout juste bon à servir de pâtée à MM. Fourniret, Dutroux et au 13h de JP Pernaud.
Car qu’on le veuille ou non, les chiards d’aujourd’hui sont la France de demain.
Il ne fait désormais aucun doute que la France de demain — bienheureusement réformée par 20 ans de Sarkozysme éclairé — sera une France propre, riche et mondialisée. Par conséquent autant apprendre une langue étrangère utile pour vendre des centrales nucléaires, la version 2.0 des Rafales ou expliquer aux peuples du monde le truc sur les droits-de-l’homme-la-démocratie-et-tout-ces-sortes-de-choses ou son inverse. Certes d’un point de vue strictement numérique le chinois reste la langue la plus parlée avec 1 habitant de la planète sur 5 ; il n’empêche : 4 habitants sur 5 trouvent que c’est une langue « imbitable ». Reste l’anglais, dont l’un des avantages indéniables est que les chinois le parlent mal aussi [1].
L’anglais est également parlé avec un accent rigolo par les américains et les gens bien élevés. Ainsi, entendre et voir le président de la BCE, Jean Claude Trichet, présenter les chiffres de l’économie européenne devant un parterre de journalistes avec le même réalisme qu’un journaliste embedded de la Fox décrivant chaque jour la victoire de l’OTAN en Afghanistan pour demain depuis bientôt 10 ans est un plaisir d’une extrême subtilité.
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A la saison 6, Dora a toujours des choses à dire mais a encore du mal avec le preterit
"> - Dora l’exploratrice
A la saison 6, Dora a toujours des choses à dire mais a encore du mal avec le preterit
Comment faire profiter nos enfants des richesses de la langue anglaise ?
Les études scientifiques prouvent que plus un enfant est apprivoisé tôt plus il est facilement domesticable. Une fois capturé on peut alors exposer l’enfant à la langue anglaise. On aura soin de commencer avec des choses assez soft (Dora l’exploratrice en junkie, 6 feet under) avant de passer à des trucs plus trash : les teletubbies, Jean-Pierre Gaillard, un reportage sur la contraception.
Ainsi, tout en babillant (c’est le bruit que font les enfants quand ils jouent avec leur caca) l’enfant peut, à son rythme, commencer à acquérir des « compétences linguistiques » et activer la « composante pragmatique » de son apprentissage. Les moins stupides de nos lecteurs auront tout de suite compris que, comme le définit le Conseil de l’Europe, la « composante pragmatique renvoie à l’approche actionnelle et au choix de stratégies discursives pour atteindre un but précis » ce qui est une jolie manière de dire qu’on apprend une langue et en jette aussi pas mal lorsqu’on évoque le sujet à la machine à café.
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l’acquisition de la composante pragmatique est un phénomène naturel
"> - Développement de l’enfant
l’acquisition de la composante pragmatique est un phénomène naturel
En période de réduction budgétaire™ il ne faudrait pas pour autant que l’appétence naturelle des enfants pour activer leur composante pragmatique ne serve de prétexte aux déchaînements comptables les plus fous. Ainsi, point de coûteuses formations données aux enseignants ; ce serait un comble : ne sont-ce donc point eux qui doivent former ? Point non plus d’embauches intempestives de jeunes sur-diplômés en anglais : la perspective de laisser des classes entières d’enfants innocents entre les mains d’admirateurs putatifs de l’UNEF-ID est encore plus effrayante qu’elle est dispendieuse.
C’est pour toutes ces raisons que le gouvernement a trouvé LA solution assurément la moins chère et la plus branchée : le Internet. En plus d’assurer quelques subsides ici ou peut être là, l’usage de le Internet permettra de développer des partenariats avec des acteurs reconnus pour leur expertise pédagogique dans ce secteur. On pense naturellement à France Télécom (discipline et esprit de groupe), Skyrock (producteur de contenus pour jeunes cons) ou même Marc Dorcel Productions (self-entertainment). Une manière originale et moderne de mettre très tôt les futurs salariés « en phase » avec la vraie vie du monde vrai : l’Entreprise.
Notes
[1] Il n’est d’ailleurs pas anodin qu’après avoir décrypté les enjeux de la européenne constitution avec son célèbre « the yes needs the no to win the yes against da no, where’s da weed bro’ ? » notre John-Peter Raffarin ait depuis tourné son attention vers l’empire du milieu dans une série de jolies courbettes des plus élégantes.