Si le tabac et la drogue connaissent chez les jeunes un net recul, la consommation d’alcool, elle, augmente, et ce malgré des campagnes de prévention de plus en plus accrocheuses. Décryptage.
Le 25 décembre dernier, un garçon de 10 ans est admis à l'hôpital de Dunkerque. Après avoir subtilisé une bouteille de vodka à ses parents, le jeune garçon a passé l'après-midi dehors avec un copain. Le soir, il a été retrouvé inconscient dans un square. Transporté à l’hôpital, son taux d'alcoolémie s'élevait à 2 g/L de sang. Ce fait divers dramatique reste un cas isolé mais il illustre bien le fléau que constitue l’alcoolisme chez les jeunes. En effet, les jeunes boivent de plus en plus mais aussi de plus en plus tôt.
Selon l’enquête Espad (European School Survey on Alcohol and Other Drugs) réalisée en 2007 auprès d’élèves de 16 ans, 4 jeunes Français sur 10 déclarent avoir bu déjà plus de 5 verres en une même occasion, au cours des trente derniers jours. Près d’un garçon sur cinq, et près d’une fille sur dix déclarent boire au moins dix fois par mois. Dès 13 ou 14 ans, les jeunes ont déjà bu plus que de raison. Les hospitalisations de mineurs pour éthylisme aigu augmentent. En 2006, en France on en dénombre 5.239, elles étaient 7.043 en 2009 soit 34% d’augmentation.
La prévention contre l’alcoolisme des jeunes se heurte à d’autres freins
Pour enrayer ce phénomène, les ministères de la Santé et de l’Education Nationale lancent en juin 2010, « Le plan santé Ecole ». Ce plan prévoit notamment des sanctions pénales en cas de non respect des dispositions d'interdiction de vente d'alcool aux mineurs, des campagnes de prévention adaptée à la cible des jeunes. Pour Benoit Fleury, médecin alcoologue au CHU de Bordeaux et vice-président de l'Association nationale de prévention en alcoologie et addictologie : "Pour agir efficacement et précocement, dès l'adolescence, la prévention devrait bénéficier de moyens plus importants. Actuellement, les 10 millions d'euros consacrés à ce problème sont totalement insuffisants". Mais bien plus qu’une question de moyens, la prévention contre l’alcoolisme des jeunes se heurte à d’autres freins. En effet, il faut prendre le problème de l’alcoolisme dans son ensemble. En France, la consommation d'alcool est un phénomène culturelvsynonyme de convivialité. Seconde cause de mortalité évitable en France, l’alcool tue plus de 45 000 personnes par an dans l'hexagone.
5 millions de consommateurs excessifs dont 2 millions sont alcoolo-dépendants
La France compte 5 millions de consommateurs excessifs dont 2 millions sont alcoolo-dépendants. Dans ces conditions, comment demander aux parents qui consomment de l’alcool de l’interdire à leurs enfants ? Deuxième écueil : on traite les effets et pas assez les symptômes. En effet, comme le confiait au quotidien « France Soir », Daniel Bailly, pédopsychiatre au CHU de Marseille : le problème n’est pas la substance mais ce qui conduit un jeune à adopter une conduite à risques. « En ce moment, c’est l’alcool. Il y a cinq ans, c’était le cannabis. Ceux qui développent une véritable dépendance sont ceux qui vont mal depuis longtemps : troubles anxieux, dépressifs, conduites antisociales… La consommation d’alcool leur apparaît comme une solution » analysait-il. Aujourd’hui, on le sait les campagnes chocs ne suffisent plus. C’est aux adultes de se mobiliser, de sortir du « Fais ce que je dis et pas ce que je fais » et surtout de comprendre pourquoi certains jeunes se réfugient dans l’alcool.
Et vous qu'en pensez-vous ? Parents, parlez-vous des dangers de l'alcool avec vos enfants ? Que pensez-vous des campagnes de sensibilisation ? Les trouvez-vous percutantes ? Efficaces ? Professionnels de santé, depuis quand voyez -vous la situation se dégrader ? Quelles sont les solutions qui pourrez selon vous faire reculer la consommation d'alcool chez les jeunes ? Exprimez-vous, on vous le dit chaque semaine mais ce blog est le vôtre.