Coups de théâtre

Maurice Gagnon
Les éditions JCL
314 pages

Résumé:

Depuis l'arrivée de cette jeune femme au style gothique, qui prétend être l'incarnation de la déesse Perséphone, le petit village tranquille de Saint-Pacôme connaît des turbulenses. Plus encore, un soir de première, une jeune comédienne est abattue sur la scène du Théâtre du Moulin. Qui donc a remplacé la balle à blanc par une vraie balle? Le caporal Leclerc, présent dans la salle, intervient rapidement et prend les affaires en main. Avec lui, rien ne traîne, mais...

Mon commentaire:

Coups de théâtre est, dans le travail de Maurice Gagnon, son second roman. J'avais lu avec enthousiasme L'isle silencieuse, son dernier roman, qui m'avait beaucoup plu. C'est donc avec plaisir que je me suis installée avec Coups de théâtre.

Ce roman se déroule à Saint-Pacôme, une municipalité du Bas-Saint-Laurent, surnommée la capitale du roman policier. Si il n'en est pas fait allusion dans le roman, il est intéressant de savoir que l'histoire s'y déroule. Un roman policier, dans un village qui est la capitale. L'anecdote est amusante.

Coups de théâtre met en scène une troupe de théâtre amateur. Avec l'aide de l'un d'entre eux qui a racheté un bâtiment et tente de monter un lieu culturel rentable, la jeune équipe s'apprête à présenter sa première pièce. Dès le début, une arme qui servait d'accessoire sur scène et qui devait être chargée à blanc se trouve chargée de vraies balles. Devant toute l'assistance, un des acteurs tirent sur une autre actrice et la tue sur le coup. Ce qui semble être un crime de sang froid cache des racines beaucoup plus profondes et les inspecteurs devront pousser plus loin que les simples apparences pour venir à bout d'une enquête qui s'avère bien compliquée.

Le talent de Maurice Gagnon est de mettre en scène des personnages différents, qui ont tous un squelette (ou deux) dans le placard. Il réussit à camper avec brio son histoire dans un milieu rural, différent de la grande ville. Son roman s'étend comme une toile entre de nombreux personnages et ce qu'ils cachent. J'aime la façon dont l'auteur développe son intrigue, une histoire tentaculaire aux nombreux rebondissements. Chaque chapitre est un coup de théâtre ou une entracte et se termine par une chute qui pousse le lecteur à vouloir en savoir plus.

Outre la troupe de théâtre, le roman met en scène plusieurs villageois, ainsi que Perséphone, une jeune femme vraiment étrange, un peu illuminée, qui donne le frisson. Au langage cru et au style gothique, elle se croit munie d'une mission spirituelle sortie tout droit des enfers et donne du fil à retordre aux enquêteurs. Vers la fin du roman, les dialogues sont un peu faciles et la disparition de Coralie arrive un peu trop subitement. J'ai du mal à croire qu'une fille de son âge suivrait un étranger aussi rapidement. Toutefois, on pardonne aisément à l'auteur car l'histoire nous garde en haleine et offre un bon moment de lecture. C'est un polar bien ficelé, avec des personnages intéressants. L'inspecteur Roussin me plaît beaucoup avec son flair et sa façon de se comporter avec les suspects comme avec ses collègues.

Une bonne lecture, divertissante.

Un extrait:

"Perséphone l'emmena dans une pièce meublée de deux fauteuils rouge et noir de style victorien et d'un sofa. Une étagère masquant la fenêtre contenait de vieux livres de la série Frissons, un manuel de sorcellerie de même qu'un crâne duquel s'élevait une capiteuse odeur d'encens. Sur le pied du récamier de satin pourpre où Perséphone alla s'étendre, un signet coupait en deux Un amour de Dracula de Fred Saberhagen. Même l'imaginaire littéraire de Perséphone s'abreuvait de sang; d'autant plus qu'elle semblait elle-même s'être évadée d'un roman d'Anne Rice." p.48