Frédéric Muhl Valentin, fondateur de la compagnie marseillaise des Carboni dont le travail, depuis 18 ans, se base sur la Commedia dell'Arte, a jeté son dévolu voilà maintenant plus de deux ans sur une opérette des années trente intitulée "Un De La Canebière" (Vincent Scotto, René Sarvil et Henri Alibert) afin de lui donner une nouvelle vie et de la proposer au public "façon Carboni", c'est à dire bien allumée !
L'histoire ? Lors d'une soirée un peu arrosée, deux pêcheurs sans le sou s'inventent riches industriels fabricants de sardines en boîtes afin de séduire deux belles se faisant elles-même passer pour des actrices de cinéma... Pris à leur propre jeu, ils vont tenter de devenir, non sans peine, ceux qu'ils prétendent être.
Une équipe talentueuse au service d'une oeuvre bien désuète.
Dès le début du spectacle, nous sommes conquis par l'énergie, la fougue et le talent de cette équipe de douze artistes, aux personnalités prononcées, dont le plaisir d'être sur scène n'est pas feint. Chacun "mouille le maillot" et l'on rit souvent. Emmené par un trio clownesque des plus efficaces (Cristos Mitropoulos en clown blanc accompagné de deux Auguste savoureux, Ali Bougheraba et Marc Pistolesi, irresistible), le spectacle démarre très bien. Trouvailles de jeu et de mise en scène se multiplient. Les voix sont là, soutenues par un petit orchestre live de qualité.
La joyeuse folie de la bande des Carboni se heurte cependant bien vite à un problème de taille auquel ils ne peuvent pas grand chose. A savoir une oeuvre terriblement datée, à l'intrigue et aux chansons pour le moins désuètes, sans grand intérêt, et surtout beaucoup trop longue. Une heure trente de spectacle aurait suffi quand celui-ci dure plus de deux heures.
On regrette par ailleurs une scénographie un peu simpliste et figée, lourdement handicapée par des micros sur pieds encombrant le plateau, alors que la plupart des comédiens sont équipés de petits HF (?!?). On se croirait plus au concert qu'au théâtre, et c'est dommage.
Reste une troupe vraiment douée qu'il vous faut découvrir, et qui serait bien inspirée de remiser les oeuvres de Vincent Scotto et consorts pour prendre elle-même la plume et proposer quelque-chose d'un peu plus... contemporain, dirons-nous. Mais il paraît que c'est prévu... Tant mieux, peuchère !
Jusqu'au 5 mars.