Article paru originellement sur UnMondeLibre.
Publié en pleine crise financière, le livre de Xavier Fontanet rompt avec le pessimisme ambiant et se propose de redonner aux Français le goût de l’entreprenariat. La méfiance des français ne se borne malheureusement pas à l’entreprise, elle s’étend à l’économie de marché tout entière laquelle leur a été présentée de façon complètement déformée. L’économie de marché, le profit, la concurrence sont toujours mal vus par la majorité de nos concitoyens qui ont tendance à tout attendre de l’État. De ce fait, il est toujours aussi difficile aux entrepreneurs d’expliquer en quoi la bonne marche des entreprises est un bienfait pour chacun de nous. Xavier Fontanet s’est donné comme mission d’expliquer la réalité de cette économie de marché.
L’économie de marché
Pour commencer, Xavier Fontanet n’a pas peur de l’affirmer, le choix de l’économie de marché n’est pas neutre. C’est un choix philosophique : choisir de vivre dans un monde fondé sur la liberté et l’initiative et accepter de ne pas vivre dans un cocon mais en interdépendance. C’est aussi avoir l’humilité de se soumettre à la concurrence, expression même de la liberté en économie et plus sûr garant de l’égalité. Au siècle des Lumières, les Français en ont été les inspirateurs de l’idée d’une société fondée sur la liberté. Le monde entier nous le reconnaît. Et le grand mérite de ce livre c’est qu’il puise sa substance, non seulement dans l’expérience vécue du business international mais aussi chez de grands auteurs comme Frédéric Bastiat ou Friedrich Hayek (on y trouvera deux textes de Bastiat en annexe et un chapitre sur la catallaxie). De fait, leurs analyses se rejoignent pour affirmer que le marché repose 1° sur l’échange et la coopération et 2° sur la confiance et la responsabilité.
1° La base du marché, ce n’est pas la production (comme Marx et les anglo-saxons ont tenté de l’expliquer), mais l’échange, et l’échange de services ! L’échange, c’est d’abord la rencontre de deux libertés. Chacun exerce son jugement et trouve son avantage à la transaction. Ainsi les intérêts du vendeur et de l’acheteur convergent dans une relation d’intérêt général.
2° L’échange est aussi le moment ou s’exerce une confiance réciproque. Cela va plus loin, notamment en termes de management : la confiance permet la créativité et il n’y a pas de performance sans une estime des autres comme de soi-même. De même, la réussite nourrit la confiance, créant ainsi un cercle vertueux. Mais la confiance ne se décrète pas, elle repose sur un savoir-faire organisationnel. Le livre de Xavier Fontanet est aussi un petit manuel du bon manager.
La quête de sens
Une entreprise qui a réussi à croitre et à devenir profitable, c’est une entreprise qui a d’abord su donner du sens à son activité.
Xavier Fontanet raconte l’histoire des casseurs de cailloux. Elle se passe au Moyen-Âge pendant la construction de la cathédrale de Chartres. Il est demandé à des ouvriers ce qu’ils font. Ils donnent trois types de réponse :
- « Je casse des cailloux », dit le premier.
- « Je taille des pierres », dit le deuxième.
- « Je construis la cathédrale », explique le troisième.
Dans le premier cas, l’ouvrier est automate ; dans le deuxième, il devient artiste ; dans le troisième, c’est un artiste qui participe à une œuvre qui le dépasse. Son histoire s’inscrit dans l’histoire, il passe à la postérité.
La quête de sens figure au cœur des préoccupations des nouvelles générations. Cependant beaucoup d’employeurs font probablement un contresens sur cette demande que les DRH entendent de plus en plus. Les nouvelles générations veulent se sentir en effet utiles, au service d’autrui, mais leur demande est plus fondamentale selon Xavier Fontanet : le sens ne doit pas se situer seulement en dehors du travail, il doit être au cœur de chaque fonction.