Je le savais.Je savais qu'il ne fallait pas le faire.Je savais qu'il ne fallait pas envoyer ce mail.Mais je l'ai fait quand même.Parce que je me dis, dans mon for intérieur, que rien n'est irréversible, que les gens peuvent changer. Parce que je finis par penser qu'il n'y a pas de raison que je passe à la trappe, au profit d'autres personnes plus culottées que moi.Parce que j'ai cru que le bon sens faisait encore partie de l'humanité.Peine perdue.Le retour de mail est cinglant d'hypocrisie. On me caresse dans le sens du poil, mais la réponse à ma question est sans appel.Dans ma tête, les derniers vers de l'amant de St-Jean, revisités contextuellement : "ils ne m'aiment plus, c'est du passé, n'en parlons plus"...J'avais tiré un trait sur tout cela, j'avais fait mon deuil. Je suis allée tendre le bâton pour me faire battre.Effectivement, ça fait mal.Bien sûr, la vie continue, je souris aux autres, je fais comme si de rien n'était. Pendant ce temps, je trimballe cet énorme poids sur mon coeur et une gorge nouée.Ca va passer, je le sais déjà, surtout depuis que j'ai décidé de ne plus monter dans les tours.Il faut juste que je fasse définitivement mon deuil pour ne plus retomber dans le piège. Et cesser les consensus mous. Moi aussi, je peux faire preuve d'une dégueulasserie sans nom, quand je veux. On ne choisit pas ses parents, on ne choisit pas sa famille...