C'était une drôle de journée.
En une des nouvelles du jour, deux nouvelles sur Lucien Bouchard.
En apparence déconectée l'une de l'autre.
La première qui annonce que Lucien Bouchard remplacera André Caillé à la tête de l'Association Pétrolière et Gazière du Québec. Autrement dit c'est lui qui nous fera avaler des couleuvres dans les "explications" sur le gaz de schiste.
La seconde nouvelle, plus triste, est celle du décès, le même jour, de l'ancienne partenaire amoureuse de Lucien Bouchard, Audrey Best, décédée trop tôt à l'âge de 50 ans.
Trop tôt comme toutes celles qui succombent au cancer du sein.
En apparence c'est deux nouvelles n'ont en commun qu'un ancien premier ministre. Mais si on était de mauvaise foi, on pourrait aussi penser que ses deux nouvelles, sorties de front à 13 minutes d'intervalle exactement, font parti d'une fine stratégie de marketing afin de neutraliser le large et intense mouvement antipathique au projet du gaz de shiste.
Bon il est certain que le décès de Madame Best n'est en rien quelque chose de calculé. C'est une merde en eau claire. Ça écoeure et ça fait mal. Aux proches, à toutes celles qui sont atteintes de cette sale maladie et à tous ceux qui luttent et recherchent un moyen d'enrayer ce cylce infernal de morts précoces.
Mais les annonces parrallèles du jour, le nouveau rôle de Lucien et le décès de son ancienne flamme, viennent ajouter une double armure de sympathie à un homme qui a toujours réussi (inexplicablement) à attirer un large capital de sympathie au travers de la population Québécoise.
Les baby-boomers ont beaucoup aimé Lucien Bouchard. Il a été élevé dans les mêmes écoles qu'eux, il est bougon et donne l'impression de ne pas s'en laisser imposer, il est pieux et il s'est relevé d'une mort potentielle en écrivant "que l'on continue..." sur un bout de papier alors que la bactérie mangeuse de chaire menaçait de le tuer. Les Québécois adorent ce type d'histoire héroïque. (Sinon comment expliquer le succès de TVA?)
Que l'on aime ou non, cette bactérie a fait de Lulu un héros instantanné. À partir de ce moment, il a bénéficié d'un large capital de sympathie partout en Province. Déambulant avec sa canne, il rappelait (et rappelle encore) qu'il a vaincu la mort et qu'il est un combattant. Inévitablement, si on fait face à la maladie soi-même ou que notre âge avancé fait souffrir notre corps, un homme du genre doit effectivement trouver un écho encourageant dans nos yeux.
Comme les baby-boomers sont facilement 60% de la population du Québec, qu'ils sont au mi-temps de la soixantaine, voilà des choses auxquelles ils doivent réfléchir de temps à autre. Bien que ce soit souvent Dominic Champagne que l'on entende maugréer dans les réunions d'informations, la majorité des habitants touchés, les propriétaires en région sont bien souvent des baby-boomers. Ce sont eux que les pro-gaz de schiste tentent de museler. Les jeunes ont pourra toujours les blâmer pour leur inexpérience de la vie pensent-ils probablement.
En amenant Lucien Bouchard, on va chercher un ami des boomers afin de calmer la grogne. Comme on aurait amené Pamela Anderson à une troupe de soldats au moral bien bas.
Après le spectacle, il y aura toujours la guerre.
En annonçant la mort de son ancienne conjointe le même jour que sa nouvelle nomination, on rajoute une couche de sympathie à l'égard d'un homme qu'il deviendra plus difficile d'attaquer.
Même si au fond, on a simplement remplacé le fauve par le rongeur.
À la base ces gens ont toujours le même problême: Ils se font fourrer.
Et pour la vie.
Peu importe la marionnette qui sera au micro pour faire avaler la couleuvre du gaz de schiste, le public, la problématique et les inquiétudes restent les mêmes.
Lulu pas Lulu, il faut freiner ses monstres.
Il faut chasses ses lions prêts à bouffer une partie de la population pour un peu de pognon.
Leur manière de faire donne envie de poser des bombes.
Moscou, appelez-nous.