Magazine Cinéma

Somewhere

Par Mg

Somewhere_6

Sofia Coppola, fille et soeur de, n’a plus vraiment à prouver sa capacité à nous montrer de belles sensibilités sur le grand écran. De la grande tristesse de son fantomatique Virgin Suicide aux errances isolées en plein Tokyo, voir une revitalisation « à la française » des derniers instants de Marie Antoinette, ses personnages vivent leur solitude en plein cœur des tourments de leur époque. Une filmographie très juste, qui laissait augurer d’une suite tout aussi belle, entre rêverie en plein jour, romantisme exacerbé et pérégrination en plein no man’s land.

Et le décor est rapidement planté ici. Tournant sa caméra vers son propre monde, Coppola fille nous sort une mise en abîme parfaite, reprenant ses thématiques et sa douce image pour filmer un acteur à Hollywood. Quoi de mieux que filmer la solitude d’une star du cinéma en plein Los Angeles, entre conférence de presse et tournage, jet lag et cascades, attentes dans les hôtels et rendez vous pour ses prochains projets? Greffant là dessus l’inévitable ex-famille, essentiellement la fille de, Coppola pourrait nous faire du narcissisme de base en reprenant un schéma connu. Trouvant l’exutoire à son grand ennui auprès de sa progéniture, son héros (formidable Dorff, qui mériterait d’autres rôles comme celui-ci) ne s’en sortira pas aussi facilement, comme pris dans un piège qui ne le lâchera pas avant sa propre déchéance. A moins de larguer de lui-même grand hôtel et Porsche pour retrouver un semblant de liberté…

Dit comme cela, c’est très beau. Coppola nous refait le coup de Marie Antoinette, troquant perruques raffinées et fond de teint pour la Wii, L.A. et les séances promo. On ne garde que la bande originale, entre Phoenix et Strokes. Et malgré toute notre sympathie, on ne peut que reconnaître une certaine apathie de l’ensemble, noyée dans un fond abyssale d’auto-références déjà vues et revues (la solitude du comédien, l’enfer du star system, le grand luxe du reste…), transformant son film en une publicité géante sans réel scénario, multipliant les scènes sans grande motivation (du moins semble t-il…). A trop vouloir tourner autour du pot, la (encore) jeune cinéaste se perd totalement dans une succession de petits moments certes intéressants en soi (ça parle cinéma) mais oubliant de les lier pour arriver à une histoire. Oui, le héros est perdu, oui sa fille apporte un peu de joie et de bonheur chez lui… Mais sa vie continue pour autant, partagée entre coups faciles, soirées et rendez vous internationaux. Difficile d’accrocher en réalité à ce personnage qui ne se remet que peu en cause, préférant tout plaquer pour aller marcher le long d’une route (ce qui doit constituer un bon tiers des fins de films indés…). Un manque d’idées flagrantes pour relever ce récit qui aurait pu être pertinent, et se révèle bien fade.

Tout dans le style de ses précédents films, Sofia Coppola tourne autour du système, et tourne autour du pot. Difficile d’y voir quelque chose de concret, plongé en plein rêve éveillé sur l’image d’Hollywood. Ce qui aurait constitué un très beau court métrage ne fait pas un grand film, et malgré tous les bons sentiments du monde on constate un manque évident de contenu à ce film qui aurait pu être une étape supplémentaire dans un parcours sans faute. Reste à voir la suite que se donnera Sofia, avec peut être de nouveaux sujets pour de nouveaux défis…


Retour à La Une de Logo Paperblog

A propos de l’auteur


Mg 992 partages Voir son profil
Voir son blog

l'auteur n'a pas encore renseigné son compte l'auteur n'a pas encore renseigné son compte

Magazines