Le Ministre de l’éducation nationale Luc Chatel souhaite « réinventer l’enseignement de l’anglais » en France. Une idée qui passerait par l’apprentissage de la langue dès 3 ans, l’utilisation des nouvelles technologies, et davantage de séjours à l’étranger
Le paradoxe du développement de la langue et des suppressions de postes
Le niveau d’anglais des jeunes Français est médiocre, bien qu’en légère progression. Luc Chatel a donc annoncé son désir de généraliser l’enseignement de l’anglais dans les écoles. Le Ministre compte « tirer toutes les conséquences de l’apport des nouvelles technologies dans l’enseignement des langues » et « revoir en profondeur les pratiques pédagogiques ». Un dispositif qu’il souhaiterait offrir aux enfants dès la maternelle. Une idée que Michel Morel, un enseignant interrogé dans Le Monde, qualifie de « clownesque », « grotesque », et également « inefficace » et « dangereu[se] ». D’après lui, les enfants ne peuvent pas se concentrer sur une deuxième langue alors qu’il ne maîtrise déjà pas leur langue maternelle. Par ailleurs, l’annonce de ce dispositif semble en contradiction avec la suppression de 1 000 postes d’intervenants en langue en 2011. Christian Chevalier, le secrétaire général du Syndicat des enseignants (SE-Unsa), craint que l’on installe les enfants devant des ordinateurs. Pour lui, Luc Chatel tente de détourner l’attention des parents d’élèves de tous les autres problèmes qui pullulent actuellement dans l’éducation nationale : classes surchargées ; options supprimées ; colère des enseignants stagiaires…
La maîtrise de l’anglais, réservée à une élite ?
Pour Natanaël Wright, le président du Wall Street Institute (cours d’anglais privés), dans Le Monde « il est faux de dire que rien ne va dans le système éducatif. Les classes européennes, où l’on fait par exemple des maths ou de la géographie en anglais, permettent d’apprendre une langue ». Mais, les classes européennes ne concernent que 270 540 des 5,2 millions de lycéens et collégiens. Une chance qui n’est donc pas donnée à tout le monde, puisque la maîtrise de l’anglais serait réservée à une élite d’étudiants de grandes écoles, tenus de s’affranchir d’un séjour à l’étranger de six mois à un an. Les étudiants en université y sont, eux, rarement soumis. Il faut donc miser sur une initiative personnelle de l’étudiant. Luc Chatel souhaite d’ailleurs que chaque élève ait la chance de se rendre « au moins une fois » dans un pays anglo-saxon durant sa scolarité.
Un comité stratégique sur l’enseignement des langues doit être mis en place dans les prochains jours afin de discuter de la mesure
Lauren Clerc