Paul Vervish a rencontré Nisargadatta Maharaj et Douglas Harding. Il a traduit certains ouvrages de Maharaj en français aux Editions les Deux Océans et il a bien connu Douglas dont il a été aussi le traducteur dans les stages au début des années 90.
"Vivre
Le principal handicap de la vision sans tête, disait souvent Douglas Harding, est sa simplicité. C'est toujours vrai.
La tradition judéo-chrétienne nous laisse, croyant ou non, dans l'idée que se connaître soi-même est le résultat d'un long travail, nécessitant efforts et sacrifices.
Nous sommes tellement conditionnés qu'il nous est difficile d'abandonner les idées préconçues et je cherchais à tâtons la vérité. Je savais que c'était à l'intérieur de moi, tous les sages l'affirment. Il m'a suffit d'assister à un atelier de Douglas, et cette vérité, je l'ai VUE.
C'est grâce à Douglas que j'ai découvert ce centre de moi-même qui est le support de tout ce que j'éprouve, toujours présent, attendant que je veuille bien cesser de fantasmer et accepter de le reconnaître. Je ne pouvais l'ignorer ! Le doigt tendu me désignait cette étendue libre et transparente où il n'y a plus ni intérieur, ni extérieur.
Il faut de l'audace pour adopter la Vision Sans Tête, même après en avoir constaté la justesse. L'ego s'affole, il est court-circuité. La raison aussi s'inquiète, « Serait-ce vraiment aussi accessible ? » Et pourtant, quel autre effort avais-je à faire avant de constater que ce que je recherchais je l'avais déjà ?
Un peu plus tard, en 1978, Douglas m'a mis dans les mains le premier livre anglais des entretiens de Nisargadatta Maharaj. Un maître dont je n'avais jamais entendu parler. Ce fut une révélation.
Descartes a affirmé « Je pense donc Je Suis. ». La sagesse indienne, elle, dit « Avant la pensée Je Suis. » et grâce à Douglas j'ai effectivement Vu que je suis « Cela ». J'ai habité ensuite de plus en plus souvent cet espace libre, toujours présent, qu'un simple rappel intérieur permet de retrouver.
Je travaille beaucoup sur mon corps. Ce porte-conscience est un ami sur, il ne triche pas. Je ressens son poids, son volume ce qui ne peut s'effectuer que dans l'instant présent. Je reste avec ce ressenti global accordé par la Vision, accompagné du paisible flux et reflux de la respiration. Et Je Vois ce libre espace que je Suis. Il n'y a plus là que Présence, contact avec l'instant, harmonie, amour. Que pourrait-on souhaiter de plus ?
Ce Rappel de Soi que Gurdjieff cherchait avec tant de difficulté à faire appréhender par ses disciples, Douglas l'a mis à notre disposition. Il nous a révélé la présence continuelle de cet espace à la fois vide et plein.
Alors profitons-en et VIVONS LE !"
Paul Vervish,
dans la revue Vivre Sans Tete, en avril 2009, revue dirigée alors par Philippe Fabri.