Lundi 24 janvier, dans le Grand Journal de Canal+, Yann Barthès s’est amusé à enchaîner des fragments de vidéos dans lesquels s’exprime notre Président. Il a fait ainsi alterner des déclarations de cette année avec des extraits de deux émissions de L’heure de vérité, du regretté François-Henri de Virieu, l’une datant du 6 juin 1993, alors que le RPR venait de gagner les élections législatives et d’accéder ainsi au gouvernement, et l’autre diffusée le 8 janvier 1995, à la veille de la déclaration de candidature à la présidence de la République d’Edouard Balladur. Pour le cas où vous n’auriez pas eu l’occasion de voir ce florilège, j’en ai relevé à votre intention le verbatim. Les propos de notre Président y apparaissent en italiques. Lorsqu’ils ne sont pas de 2011, l’année au cours de laquelle ils ont été prononcés figure entre parenthèses. Ceux du jeune et fougueux député des Hauts-de-Seine et maire de Neuilly sont en caractères romains et il ne m’a pas semblé nécessaire de distinguer le millésime 95 de celui livré dix-mois plus tôt.
« J’ai été élu pour résoudre les problèmes – Nous avons été élus et désignés pour résoudre les problèmes de la France ».
« La préférence communautaire n’est pas… ce ne sont pas des gros mots – la préférence communautaire, ça veut dire quelque chose ».
« J’ajoute – j’ajoute – que ce n’est pas une question d’idéologie – nous ne sommes pas des idéologues ».
« [il y a] Un an, au moment où je présentais mes vœux, tous les prévisionnistes - tous les prévisionnistes, tous – anticipaient – ont expliqué – [une] flambée du chômage – qu’en 1994, il y aurait en France 200.000 chômeurs de plus - on nous parle souvent des chiffres de nos amis allemands sur le chômage, mais y a une différence entre nos deux pays – c’est une grande différence entre l’Allemagne et la France – les Allemands perdent… perdent 100.000 membres de la population active par an – quand en Allemagne la population active se réduit - nous on en gagne 100.000 – notre population active explose – pour l’avenir, c’est une chance – c’est promesse d’avenir ».
« La démission face au marché et face à la fatalité, ce n’est pas l’acceptable (2009) – que le moment de la démission est terminé ».
« Et on attend les bras croisés que le ciel nous tombe sur la tête (2008) – rester les bras croisés en attendant que le ciel leur tombe sur la tête ».
« La nécessité est là, aujourd’hui, après la plus grave crise économique depuis la guerre (2008) – la France a connu en 1993 la plus forte crise qu’elle n’ait [sic] connue depuis 1945 ».
« Il faut prendre des décisions – les décisions sont prises ».
Je me trouve perplexe. Que convient-il de faire face à cette symphonie : admirer la constance de la pensée durant plus de quatre lustres ou regretter l’incapacité à s’adapter à un monde qui change et à se dégager des formules toutes faites ?